Le Japon traditionnel épisode II : une minshuku de style gassho-zukuri, ça vous parle ?

Traditionnelle, Kanazawa l’était à n’en pas douter, mais là où nous allons, ça le sera plus encore. Dans la vallée de Shokawa, juste en dessous de Kanazawa, se trouvent des maisons étonnantes ; les minkas de style gassho-zukuri. Stop, stop, stop ! Ça fait beaucoup de termes un peu techniques d’un coup, posons nous deux secondes pour vous les expliquer.

A l’époque Edo (ou période Tokugawa), soit entre 1600 et 1868, les minkas étaient ce que l’on appelle les maisons du peuple, et plus précisément les foyers des paysans (nomin), artisans (kogyo) et marchands (shonin). Il faut savoir qu’à cette époque existait un système hiérarchique classant les individus en fonction de leur origine sociale et leurs métiers. Etant ceux qui créent (ils font pousser les patates) et permettent au peuple japonais de vivre, les paysans occupaient dans ce système un rang élevé, ils se situaient juste en dessous du plus haut rang ; la classe des guerriers (bushi).

Maintenant le style gassho-zukuri, traduit en français « structure aux mains jointes », qu’est ce que c’est donc ? Pour faire simple, cela rappelle la caractéristique principale de ces maisons en bois : leur toit de chaume en forme de triangle pentu (incliné à 60° au lieu des 45° habituels), comme des paumes de mains jointes lors de prières (gassho).

Après ces explications tout va mieux, normalement…

C’est donc à Shirakawa-Go, au milieu d’une vallée montagneuse, que nous poserons nos bagages le temps de profiter de ces minkas. Depuis Kanazawa, le climat s’est un peu rafraîchie, la neige est encore bien présente, on ne regrette pas d’avoir gardé manteaux et polaires ! En arrivant, on revit un peu le tumulte de la ville, des cars entiers de touristes sont déversés, sacré succès pour ce petit bourg. Heureusement pour nous, pour beaucoup de ces touristes, il ne s’agit que d’une étape de quelques heures. Pas pour nous, le soir même, nous dormirons dans une des ces fameuses maisons.

Nous allons donc « check in » dans notre petite auberge (minshuku), répondant au doux nom de Yoshiro. Enfin petite, faut pas exagérer. Nous ne l’avons pas mesuré, mais elle ferait 18 mètres de long sur 10 mètres de large, c’est la taille standard de ces maisons (c’est dit sur le site de l’Office du tourisme japonais, ce ne sont pas des bobards). Après avoir pris le temps de découvrir notre chambre tout en tatamis et portes coulissantes, nous irons profiter de la ville.

Dire qu’1,5 million de touristes se déplacent par an jusqu’ici et qu’on ne se marche même pas sur les pieds, c’est un exploit. Et oui, c’est tout petit ici. On fait assez vite le tour du village, mais c’est franchement charmant. Après avoir grimpé au sommet d’une colline, on bénéficie d’un joli point de vue, de là haut on pourrait aisément compter les 59 maisons traditionnelles qui occupent le village. C’est étonnant de les voir toutes alignées dans le même axe Nord-Sud. Grâce à cet alignement, l’aération était optimisée dans ces maisons où les étages supérieurs étaient consacrés à l’élevage des vers à soie.

La nuit arrivant, le village se désertifie, les boutiques servent les derniers clients, les touristes quittent les lieux quant à nous, nous restons. Désormais, le seul tumulte qui parvient à nos oreilles est celui de la rivière blanche, la Shokawa, qui traverse le village, quel calme. Au milieu des montagnes, avec cet air pur et ces maisons typiques on se sent tout simplement bien. Et on se sentira de mieux en mieux à mesure que l’heure du dîner approchera.

Alors là, on nous a sorti le grand jeu ! Des pickles, du tofu, un ravioli, des tempuras, des champignons, des légumes qu’on ne connaît pas, du riz, de la soupe miso, du thé vert, des fraises, du poisson grillé et même du bœuf d’Hida. L’odorat, le goût et la vue sont comblés ! Il s’agit surement de notre meilleur repas au Japon. Pour conclure la soirée en beauté, notre hôte, une petite bonne femme charmante, nous gratifiera d’un petit cours de shamisen, une espèce de guitare au son particulier, tous les sens sont comblés. Avec ce dîner, nous nous sentions déjà très gâtés, mais le pire c’est qu’au petit déj’, on nous sert un repas digne de ce que nous avions eu la veille, trop top ! Quel meilleur moyen de bien débuter la journée qu’avec un estomac bien remplit !

Avant de partir, nous profitons une dernière fois de notre minshuku, puis nous irons visiter la maison Wada, une immense maison / musée qui reconstitue l’intérieur d’une maison traditionnelle. Dans cette chaume de cinq niveaux, chaque étage à sa fonction, lieu de vie, de repos, de travail et d’élevage de vers à soie, cela nous permet de découvrir un peu plus ces maisons dans lesquels vivaient jusqu’à 30 personnes, uniquement pour l’élevage de ces fameux vers, la principale source de richesse de la région.

L’environnement, le charme des maisons, la qualité de l’accueil, tout nous aura comblé dans cette petite parenthèse dans un coin reculé du Japon.

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