Plein les pattes du chemin de la patate

Après un passage éclair à Liwonde, nous arrivons à Zomba (rien à voir avec la mouche), une ancienne capitale du Malawi. Les transports ? Rien à signaler, étonnant non ?!? Faut croire que nous savons y faire maintenant…

Jour de Premier League

Pour tout le monde, c’est jour du seigneur, tout tourne au ralenti, nous y compris. La pause café s’allonge, s’allonge…nous prenons notre courage à quatre mains pour mettre le nez dehors, in Zomba town. La station de bus, le marché, les boutiques, en dehors de quelques immeubles, difficile de distinguer Zomba d’une autre ville africaine. Même l’agitation s’en est allée, les rues sont vides. Pour trouver de l’animation, il faut aller chez Domino. Porc, poulet ou bœuf passent entres les mains de grillardins avant d’être soigneusement découpés en dés, servis avec du sel et du piment, c’est le braii, le barbecue africain. A l’intérieur, West Bromwitch Albion-Arsenal attire tous les aficionados zombaiens de la premier league.

En attendant nos grillades, nous dégustons une green, une Carlsberg brassée ici. Carlsberg, la danoise, brassée au Malawi ? Oui, le pays dispose d’une autorisation spéciale lui permettant de produire des Green, des Stout, des Special et des Kuche-kuche sous le nom de la marque à la couronne. De toute, La green est la star, suivie de près par la kuchekuche. Gustativement, la green est meilleure, bien plus aromatique. A l’issue de notre dîner, Arsenal est mené au score, surtout la nuit est presque tombée, l’heure de rentrer au bercail.

God save the potato

Plus que la ville, Zomba est surtout réputée pour son plateau. Depuis le Shire, nous l’apercevions déjà. Maintenant, il est là, se dressant à pic, d’en bas c’est déjà impressionnant. Pour partir à sa découverte, il nous faut un guide, surtout pour notre requête spéciale : emprunter le chemin de la patate. Ce lundi, Friday s’occupe de nous, pour une longue journée de marche.  Le potato path, sans guide, impossible de le trouver ! Un petit chemin de terre étroit, glissant et très pentu qui s’enfonce dans une sorte de brousse. Seuls, un chemin que nous n’aurions pas emprunté. Sans autre poids que le nôtre, nous peinons, avec un sac de patates sur la tête, même pas en rêve. Pourtant, chaque jour, des gens l’empruntent depuis leurs jardins perchés sur le plateau pour aller vendre leur production sur le marché, tout en bas. Tout ça pour gagner quelques sous, un tour de force ! Après avoir bifurqué par la route, nous arrivons au Mulunguzi dam, plus grand barrage du Malawi, une fierté qui figure au dos des billets de 500 kwacha.

Même si nous sommes hauts, le plateau est encore plus haut. Pendant la montée finale, nous croisons d’autres forçats, ceux du bois. La montre de Nico indique 2013, pourtant la pratique est d’un autre temps. Ces gens descendent à pieds, à flanc de montagne, de lourds fardeaux de bois sur la tête, tout ça pour construire une maison où avoir du bois de chauffage, pour nous c’est inimaginable. D’ailleurs, sur le plateau, les ravages de cette exploitation non contrôlée saute aux yeux, des kilomètres où seuls des souches brûlés subsistent.

Emperor versus Queen

Après avoir passé un autre barrage, chagwat dam, notre balade prend une tournure noble. Distants de quelques centaines de mètres, deux points de vue offrent des vues (justement) assez similaires. A gauche, Emperor View Point, à droite, le Elizabeth View Point. Le premier nommé après la visite d’Haïlé Sélassié, le second après celle de la Reine Elizabeth. L’un comme l’autre offre un beau panorama sur la vallée, allez savoir pourquoi ils n’ont pas choisit le même endroit ! Quelques minutes pour chacun, « let’s go ? », Friday nous presse. Il faut dire qu’un long chemin nous attend encore, le plateau est grand. A travers les forêts, près des cascades, les attractions sont variées. Sur notre route, un peu au milieu de nulle part, nous croisons quelques vendeurs de souvenirs, de snack même. Nous en profitons pour tester l’African sweet beer, pas du tout alcoolisée. De loin, ça ressemble au kava ni-van, heureusement, le goût diffère. Nous ne savons trop comment elle est faite, mais nous savons qu’elle contient du porridge et qu’elle est sucré. Son goût n’est pas désagréable, surtout c’est désaltérant, une découverte pour nous.

L’histoire sans fin

Notre guide est hyper sympa, mais pas du tout au point pour nous dire le temps de marche qu’il nous reste. Nous avons beau marcher une demi-heure, il nous annonce toujours une heure et demie avant d’arriver à destination. Nos 6 heures de marche se font ressentir, et nous devons encore redescendre toute la route jusqu’au marché, en centre ville, pour notre dîner. Sur la route, des cyclistes d’un autre genre. Chargée de centaines de buchettes de bois, les pauvres ne peuvent même plus s’installer sur la selle. Avec l’épaule, ils soutiennent le tas et dévalent la pente. Dix fois plus chargés que nous, ils avancent aussi deux fois plus vite, le dopage dans le cyclisme…

Malgré quelques raccourcis, le chemin aura été très long ! Mais nos efforts sont récompensés par un bon dîner. Friday nous amène dans une des gargotes du marché et commande un plat typique, ocra, feuilles de potirons et of course du n’sima. C’est simple, bon, nous sommes enchantés de manger une spécialité du pays, une vraie, surtout après cette longue journée de marche.

Nous sommes presque pris par l’obscurité au moment de retrouver notre lodge. Après tous ces efforts, la nuit est bienvenue pour récupérer un petit peu. Nous n’aurons pas chômé lors de cette halte sportive sur le Plateau de Zomba. Mais avant de rejoindre les pentes escarpées du Mont Mulanje, elle est la bienvenue.

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