Diagonal. En un mot, voila notre séjour en Zambie résumé. Une diagonale tirée des Victoria Falls au Sud Ouest jusqu’au parc de South Luangwa à l’Est. Une diagonale sur laquelle nous nous sommes usés le cuir des fesses dans des bus pas toujours confortables. Surtout, une diagonale spectaculaire où la nature sauvage du parc de South Luangwa fait écho à la bestialité des eaux du Zambèze.
Johabie, Johaba, pas de trace de Chico et des gypsy dans le bus, pourtant il y’avait du monde. Johabie, la compagnie qui nous a transporté jusqu’à Chipata a affrété un bus…expérimenté. Pas de clim’, pas de place pour les jambes, deux sièges à gauche, trois à droite, une cage à poules roulante. Quand nous voyons le pasteur débarquer dans le bus, on se demande même s’il ne vient pas nous donner l’extrême onction. Un bonheur n’arrivant jamais seul, c’est notre trajet le plus long. La coupe n’est pas pleine ? Le départ de 6h du mat’ est repoussé d’une heure, le trajet de 7h, augmenté de presque 2 heures, là elle est remplie !
Et le lendemain, il faut encore aller à South Luangwa, à 160 kms de Chipata, la déprime. Coup de bol, dans les restes de notre guesthouse, nous rencontrons deux allemandes voulant aussi s’y rendre, nous partagerons un taxi, bien plus confortable. Notre guesthouse, plutôt celle de Dean, a flambé six semaines plus tôt. Un seul bâtiment s’en est sorti indemne, celui des chambres, le reste est ravagé. Ceci dit, le principe des sanitaires décapotables, Nous Likons ! Au moins, en observant les étoiles, on oublie que la douche se fait uniquement à l’eau froide.
Matin de départ pour South Luangwa, grincheux est à l’heure. Déjà qu’il ne décroche pas un sourire, en plus notre taxi driver essai de nous la faire à l’envers en augmentant ses tarifs, leur réputation se confirme…Probablement mécontent de ne pas avoir obtenu gain de cause, il se dépêche de nous larguer, 120km/h de moyenne, pas un mot, pas un sourire, frôlant de près les enfants sur le bord de la route. Nous arrivons à destination, Flatdogs Camp, sans accident, en moins d’une heure et demie, record à battre !
Personnel aux petits soins, bar à cocktails, restaurant raffiné, charmante tente pour notre séjour, désolé Dean, mais le standing (et le prix) n’est pas le même ! D’ailleurs, avec des vrais lits, un sol en dur, douche et WC, peut-on encore parler de tente ? Oui, car quand les éléphants traversent à deux pas de là, bizarrement, on se souvient que ce n’est qu’une toile qui nous sert de protection.
Eléphants et hippopotames n’ont que faire des limites du parc animalier, ils sont chez eux partout, y compris dans le camp. A la nuit tombée, la compagnie d’un watchman est nécessaire pour rejoindre notre tente, la plus éloignée de toutes. Les cocktails ne nous font pas voir des éléphants roses, mais des hippo en plein dîner dans le camp. On se sent très vulnérable, même avec un accompagnateur.
La nuit est courte, le safari du matin commence à 6h pétante. Toujours dans les bons coups, nous ne sommes que deux pour ce morning game drive (alias safari). Malama, notre guide/chauffeur, n’a que nous à veiller. Le garçon est bavard, pas avare en explications, presque trop généreux parfois.
Les girafes tordent le cou aux idées reçues, les zèbres flambent dans leurs costumes rayés noir et blanc, les impalas bondissent avec la grâce de Marie-José Perec, Pumba et ses potes phacochères s’agenouillent devant nous, les lions digèrent leur festin de la veille, les éléphants trompent énormément, la hyène attend son heure, les hippo potament, les crocodiles lézardent au soleil, les singes font des singeries, les buffles se comportent comme des mufles. La matinée est riche en observation. Cette nature qui s’offre, à quelques mètres de nous, c’est fascinant. Certains animaux sont d’une beauté à couper le souffle, on ne se lasse pas de les observer, encore et encore.
Après quatre heures passées sur les pistes, nous retournons au camp, les derniers, comme d’habitude. A cette heure, le soleil tape fort, chauffe, la pause est bienvenue. Les fesses dans la soie toujours, nous laissons le personnel prendre soin de nous, nous servir.
A 16h, night game. Même guide, mais une famille nous a rejoint. Avec la nuit tombante, les animaux se découvrent. Nous voyons les mêmes, mais leur nombre est multiplié par trois ou quatre. C’est presque un embouteillage d’éléphants dans lequel nous nous retrouvons. Sauf qu’en guise de klaxonne, les pachydermes agitent leurs oreilles, bien plus impressionnant, surtout à deux mètres d’eux, le moteur coupé. Une bille orangée incandescente dans un ciel rose, le coucher de soleil approche, une spécialité de l’Afrique. Dans les dernières lueurs du jour, nous apercevons un léopard. Le fauve se niche, mais l’œil des guides est aiguisé. Pendant que nous le bombarderons de photos, un second se joint à la fête. Notre bonne étoile, toujours, merci à elle. D’ailleurs, la suite se fait de nuit. Pendant que le chauffeur drive, son assistant éclaire les environs avec sa torche, à la recherche des animaux. Le monde de la nuit est celui des hyènes, nous en croisons plus que tout autre animal.
En une journée de game drive, nous aurons vu un lion, des léopards, des hippo, des buffles, soit quatre des animaux du Big 5. Pour ce qui est du cinquième, le rhino, rien à faire, y’en a pas dans le parc. Aux alentours de 20 heures, tout le monde rentre. Ce soir encore les hippos rôdent. Pour une première, c’était une première de classe mondiale, nous sommes comblés au delà de nos espérances. Devant nous, tout proche, ils n’étaient pas en cage, ils sont dans leur élément, chez eux, palpitant.
Après un passage éclair dans les ateliers et la boutique de Tribal Textile, on nous dépose à l’aéroport. Pas pour l’avion, mais le taxi du retour vers Chipata. Encore une fois, nous partageons avec des allemands, un couple sympathique, Stefan et Gabi, avec qui nous emprunterons plus d’un taxi…