Incroyable. Extraordinaire. Délirante. Somptueuse. Bagan mérite tous les superlatifs, elle abrite un des lieux les plus magiques et mystiques de Birmanie.
Sur ce site de 42 km², les plus optimistes affirment qu’à son apogée, 13 000 temples, stupas et pagodes occupaient les lieux. Les plus réalistes parlent eux de 4 000. Depuis, le temps a passé, fait son œuvre, tout comme le tremblement de terre de 1975. Aujourd’hui, 2217 subsistent, déjà un sacré chiffre. Au sommet de la pagode Schwesandaw, partout où le regard porte, ce n’est pas un, mais des milliers d’édifices qui s’élèvent vers le ciel, la densité est prodigieuse.
A notre grand soulagement, le kitsch n’a pas gagné les lieux, le dépouillement prédomine. Par ci par là, on trouve bien un Bouddha à la bouche pulpeuse, au regard souligné à l’eye liner et à l’auréole lumineuse, mais ça va. Pour nous, l’attrait du site se trouve surtout à l’extérieur. D’autant que beaucoup des fresques intérieures ont perdu de leur superbe. En visitant le temple 1045 (moins romantique mais beaucoup plus facile à retenir comme nom), nous avons eu un aperçu de leur richesse et de leur finesse. Un artiste local y a mis tout son cœur pour redonner à ce temple son aspect originel, c’est réussi.
Dans cette pléthore de stupas et temples ocres, certains et certaines se détachent. C’est le cas de la pagode Shwezigon dont le gré est recouvert de feuilles d’or. Avec l’os frontal de Bouddha qu’elle renferme, ça valait bien un traitement un peu spécial. Prière, méditation, offrandes, reliquaire, tous ces édifices ont une fonction bien précise. Mais distinguer lequel est pourquoi reste toujours un mystère pour nous.
A moins d’être un grand malade, ou un bouddhiste fanatique (ou les deux), visiter tous les édifices n’a pas vraiment de sens. Le plus beau, c’est de voir le paysage et les édifices défiler au rythme des coups de pédales. Le vélo, nous est apparu comme la meilleure option pour nos trois jours de visite. Et nous n’avons pas chômé ! Nyaung Oo->Old Bagan->New Bagan, ça fait un sacré bout de chemin, croyez nous !
Ca pourra vous paraître étonnant, mais nous sommes presque contents d’avoir eu un temps mitigé, au moins, nous avons pu respirer. Pour notre dernier jour de bicyclette, nous avons goûté à la fournaise birmane. Le ciel s’est éclaircit, le soleil avait la voie dégagé, il s’en est donné à cœur joie. Quand il s’est mis à taper, ça a chauffé. Les coups de pédales sont devenus plus difficiles à donner, les routes plates ont semblé s’incliner et les sols des temples se sont transformés en plaques chauffantes ! Le soir, quand le soleil s’assoupit, le spectacle devient féérique. Le soleil se cache derrière les montagnes et les nuages, enflamme le ciel, et souligne l’ocre de la terre et des monuments. Quelle plénitude de se retrouver au sommet du temple Bulethi pour admirer ce champ de pagodes et stupas.
L’autre avantage d’évoluer à vélo, c’est qu’après, on est en droit de s’accorder des petits plaisirs, un buffet birman gargantuesque, un déjeuner végétarien succulent ou une bonne bière fraîche. Et à la fin, si les muscles tirent un peu, un massage birman remet immédiatement d’aplomb, demandez à Célia !
A Inle, on nous avait dit : « cinq jours à Bagan, c’est beaucoup ! ». Ils n’y connaissent rien ! Entre la visite de la ville, du site en lui même, des ateliers de laques de Bagan House, nous n’avons pas vu le temps passer ! Alors oui, tout se ressemble un peu, mais jamais l’ennui ne guette. Sortir, pédaler au milieu des ces constructions qui parfois s’apparentent à des palais, procure une sensation unique dont on ne peut se lasser, en tout cas, pas nous !