Boum, le volcan jaillit ! Boum, les pieds frappent le sol ! Boum la machette fend la noix de coco ! Deuxième découverte après Efate, Tanna n’aura pas été avare de sensations.
Badaboum le Mont Yasur
Dormir aux pieds d’un volcan n’a rien de commun. D’autant qu’en l’espèce, c’est d’un volcan bien éveillé dont il s’agit, le Mont Yasur. Avant même d’arriver au Yasur campground, l’idée nous excitait. En cours de route, nous faisons une pause gourmande au marché de Lenakel, un tuluk et quelques beignets nous permettrons d’aborder ce trajet. S’en suit une heure et demie sur la piste accidentée dans la jeep spécialement affrétée pour nous. Dans la ash plain, les premières détonations raisonnent. Un orage gronde, un puissant, alors votre petite voix intérieure vous apostrophe : « T’es sûr qu’on reste ici ?!? ». Et ce n’est pas notre bungalow rustique qui pourra nous protéger d’un gros caprice de Yasur. Un toit en feuilles de cocotier, des murs en bambous, ça aura vite fait de nous tomber sur la tête. Malgré le danger qu’il fait peser sur nous, nous sommes fascinés par cet old man. Nous avons patienté pour que les conditions métrologiques idéales soient réunies pour aller le visiter. Jeudi fut le bon jour, nous avons foncé. Nous avons squatté l’arrière de la jeep amenant Simon et Louise, deux connaissances d’Australie, pour gravir la piste défoncée rejoignant le parking. A moins de 100 mètres de nous, des geysers de lave s’échappent des entrailles du monstre. A chaque éruption un son sourd et puissant et un souffle chaud qui vient caresser nos visages. Les émotions se bousculent, peur, fascination, un mélange des deux. On devient vite accroc à ce spectacle, on attend toujours avec impatience l’éruption suivante, encore plus puissante si possible. Trop tôt à notre goût tant nous pourrions rester là des heures, nos australiens repartent, nous avec. Nous y retournerons une seconde fois, l’intensité, la puissance des éruptions sera un peu moins importante, malgré tout, le spectacle est toujours fascinant. Et même depuis la salle du restaurant de notre hébergement, nous avons continué de garder les yeux rivés sur Yasur.
Le boum boum boum des danses tribales
S’il est une île sur laquelle les kastoms (coutume) ni-van sont encore bien vivaces, c’est Tanna. Ici, les touristes passent, mais les traditions demeurent. Traverser l’île c’est comme remonter les âges, on ne serait pas étonné de croiser un missionnaire en train de se faire dévorer dans une cérémonie. Mais ce n’est pas à ce genre de cérémonie à laquelle Thomas, notre hôte, nous propose d’assister. C’est un samedi après midi spécial pour le village de Biro. Une cérémonie de circoncision doit avoir lieu. Ce rituel de passage à l’âge adulte donne lieu à une sacré fiesta. D’un lieu de rassemblement des hommes et de dégustation du kava, le nakamal se transforme en un gigantesque dancefloor. Robert, l’oncle, est en retard, les préparatifs commencent sans lui. Avec tout le bazar à installer, nulle doute que son retard n’est pas fortuit. Au centre de la piste, un immense tas. Sous les nattes tressées, un trésor : des racines de kava, du taro, de l’igname, du manioc, tout pour préparer un festin mélanésien. Pendant une bonne heure, un groupe d’hommes va soigneusement recouvrir ce tas de centaines de tissus. Mais toujours pas de Robert. Les sacrifices commencent, un cochon pendu fait son entrée, pas pour longtemps, trois coups de masse, la bête n’hurle plu. Heureusement pour nos estomacs, la vache est égorgée hors de nos vues, dans l’intimité. Robert pointe enfin le bout de son nez, la suite des festivités peut débuter. La circoncision a déjà eu lieu les jours précédents, on respire. Une longue file d’hommes à laquelle s’est joint le jeune circoncit s’enroule autour de l’amas central. Une fois tous en piste, les hommes forment un rond, frappent des mains, tapent des pieds et entonnent des chants. Le sol tremble, la transe s’empare de tout ce petit monde. Vêtues d’habits aux couleurs chatoyantes et maquillées, les femmes se joignent à la danse. Ca chante, ça saute, ça rigole, tout le monde est dans un état second, porté par le rythme.
Boum, la noix de coco est fendue
Île de tradition, Tanna n’en est pas moins chaleureuse. Sur la route nous menant à Port Resolution, hello et sourires ponctuent toutes nos rencontres. Quand nous arrivons au village, Sandra nous accueille dans son café/ restaurant. Espérons que ses plats soient meilleurs que son café ! Il tient plus du jus de chaussette que du véritable expresso. En revanche, côté accueil, elle nous gâte, souriante et chaleureuse. Poursuivant notre route dans le village, Léa nous salue. Elle est en train de tresser des nattes en feuilles de cocotiers, nous nous y intéressons. En français, la discussion s’engage de suite, pas de barrière. A la fin, elle nous fait découvrir une autre spécialité. Boom, un coup de machette, la noix de coco révèle son cœur blanc. Elle nous la détaille en petite tranches, l’enroule dans une feuille de napalango, sale légèrement, un petit délice.
Finalement, la seule ombre au tableau de ce séjour, c’est ce rat venu grignoter notre sac pour déguster une barre de céréales cachée dans une poche. Pour le reste, nous aurons passé un temps magique sur cette île.
Ahhh la magie des volcans, je suis fan ! J’avais adoré en Ethiopie. Nostalgie…