36 Vues du Mont Taranaki

« Mille milliards de mille Torii, que fait donc mon Fujiyama entouré de Roméo et Juliette, de surfeurs et de kiwis ?!?». Tels auraient été les mots d’Hokusai s’il s’était aventuré dans la région.

Mont Fuji, Mont Taranaki, la ressemblance est troublante. Parfaitement proportionné, rond, il s’élève tout en douceur, sans fracas. A l’image de son cousin nippon, ce cône volcanique fait indéniablement preuve d’esthétisme. Stratford, New Plymouth ou Manaia, impossible de le perdre de vue, Taranaki (Egmont pour les intimes) est le point central de la région autour duquel tout gravite.

Deux jours de soleil à l’horizon. Nous décidons de rechausser les pompes de rando, Stratford en camp de base. Devant ce nom, les plus cultivés ne manqueront pas de pavaner. Eux savent qu’il s’agit de la ville natale de Shakespeare. Ainsi nommée en hommage au dramaturge, toutes les rues font référence aux personnages de ses pièces. A certaines heures, la Glockenspiel joue même un acte de Roméo & Juliette.

A notre camping, nous mettons les pieds dans un coin d’Angleterre. La sujette de sa Majesté qui le tient a transformé sa réception en un magasin débordant de porcelaines. Assiettes à l’effigie d’Elizabeth II, théières à celle de Lady Di, on aperçoit même la trogne de Charles sur des tasses, une collection que nous ne lui envions pas.

Heureusement, notre cabine est plus sobrement décorée. Pendant que nous randonnerons, la gérante nous en laisse gratuitement la jouissance pour y stocker nos affaires. Bien plus sûr que dans notre voiture garée sur un parking non surveillé ! Et puis, quelques kilos en moins pour grimper à plus de 900 mètres d’altitude, ce n’est pas négligeable. Au moment de se garer, il était temps de couper le contact, ça glougloutait dans le radiateur.

Désolé pour elle, pas le temps de s’en occuper. Le soleil brille, nous nous hâtons pour en profiter. Le plafond de nuages que nous apercevions depuis la route est maintenant notre plancher. A cette altitude, tout n’est que ciel bleu et soleil, dire que l’hiver approche. Le sommet est encore peu enneigé. A la place, des nuances de couleurs. Les verts profonds du bush s’effacent au profit des gris caillouteux, spectaculaire. Après notre pause déjeuner nous nous engageons sur les traces de Bells Falls. Bien que très charmante, le détour qu’elle nous coûte se justifie à peine.

La traversée du marécage qui s’en suit est loin de ce que notre imaginaire a pu se figurer. Pas de boue jusqu’au nombril ni de sangsues nous vidant de notre sang. A la place, une passerelle bien proprette trace le chemin à travers une végétation toute en mousse et en arbustes, rien d’insurmontable en somme.

En revanche, franchir le nombre incalculable de marches qui nous séparent du sommet, ça c’est un morceau de bravoure. Sur le plateau, une magnifique vue panoramique récompense nos efforts. Le vent frais qui souffle nous empêchera d’en profiter bien longtemps, mais au moins quand nous entrons dans le refuge, il est chauffé. Et il y’a du monde autour du poêle à bois. Avec nous ça fait huit, dire que nous pensions être les seuls randonneurs…Manger, jouer, discuter, la soirée est agréable, la nuit tout autant.

Pour cette dernière journée, le soleil est un peu voilé. Principalement dans le bush, notre chemin n’arrête pas de monter et descendre, ces escaliers nous cassent les pattes. Avec cette végétation, nous avons perdu de vue Taranaki et les environs. Un peu fatigués, nous retrouvons Yanouchka, une rasade d’eau pour tout le monde, elle redémarre comme si de rien était.

Même le lendemain, quand nous empruntons la Surf Highway, elle ne bronche pas. Sur cette route, on pourrait s’attendre à longer la plage en permanence et voir les surfeurs affronter les rouleaux, pas vraiment. En fait, le bandeau de route traverse principalement des champs, pour accéder aux plages de surf, il faut bifurquer.

Manaia, capitale autoproclamée du pain, se situe exactement sur le tracée de la SH 45, nous ne pouvions manquer l’étape. Partis le ventre vide, nous attendons cet arrêt avec appétit. Etablit depuis 1923, Yarrow’s fait la fierté de la ville. Cette boulangerie industrielle vend ses produits sans autres intermédiaires que les vendeuses de sa boutique, les prix s’en ressentent. Sans être exceptionnel, c’est bon et de bonne qualité, nous apprécions d’y rompre notre jeûne matinal.

En arrivant près de New Plymouth, nous avons enfin l’occasion de voir de vrais surfeurs avec des cheveux longs, des planches et des vraies vagues. La mer n’est pas très agitée, leur offrant juste de quoi se dégourdir les jambes.

Pour terminer, nous rallions New Plymouth, bien connue pour ses galeries de renommée nationale et internationale. La plus connue d’entres elles, Govett-Brewster, n’évoquera surement pas grand-chose pour vous. Pour les curieux qui souhaiteraient la découvrir, reportez votre voyage, elle est fermée pour travaux,  jusqu’en 2015. Puke Ariki est quand à lui bien ouvert. Ce bâtiment joue sur plusieurs tableaux ; I-site, bibliothèque, musée, galerie d’art, nous satisfaisons toutes nos envies.

Après cette escapade, retour à Stratford. Nous nous accordons deux jours pour affûter nos plans. Le temps a tourné à la pluie, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire.

Nous aurons mis ce temps à profit pour dénicher notre prochaine destination, mais aussi à nous essayer aux empanadas. Et avec succès !

2 réflexions sur “36 Vues du Mont Taranaki

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.