Il est un peu moins de 19 heures ce samedi 1er décembre quand nous frappons à la porte du paradis (Shambhala en himalayen). En son absence, Saint Pierre a confié les clés de la boutique à John. Perchée sur une colline, la terrasse de la maison principale jouit d’une vue idyllique sur la mer. Tout autour, plantes, arbres et oiseaux, impressions de paradis terrestre. Même si le décor nous paraît tout à fait terrien, nous avons en réalité atterri sur Mars. Les autochtones sont du genre rêveur ; une prof de yoga, un couple de routards hippies, un canadien barbu et un africain blanc. Où sommes nous tombés ?
Pour couronner le tout, il y a John, pas communicant pour un sou. Pas de tour du propriétaire, il nous montre notre hutte, une cabane au fond du jardin, la seule à ne pas avoir vue sur mer, et nous invite à suivre le cours de yoga, point. Pour l’accueil chaleureux, on repassera (ou pas). Ceci dit, Grae nous l’avait dit, John est inhabituel, nous confirmons.
Paradis pour les lamas en herbe
John est un fervent défenseur de la retraite, spirituelle bien sûr, avant 65 ans. Pas d’internet, pas de réception téléphonique, la mer, la nature, l’endroit est tout indiqué. Le temps de notre séjour, nous partons en quête de la paix intérieure, en tongs. Salle de méditation avec vue sur mer, Tea House, des bouddhas par ci, des bouddhas par là, tout est prévu pour méditer, atteindre le nirvana. Nous avons essayé, mais soit nous l’avons déjà atteint, soit ce n’était pas le bon jour. Tous les matins, John préside la séance de méditation. Pendant une demi heure, en position de lotus (plus où moins bien sûr), nous fermons les yeux et suivons le guide. Imaginer que notre âme s’échappe, qu’elle va faire trempette en face, sous la surface de la mer, puis part se promener dans le ciel, les étoiles, la voie lactée, l’univers, l’infini et au-delà, ce n’est pas trop notre truc. En fait, notre âme se sent bien avec nous, elle n’a pas bougé. Rester les yeux fermés à ne rien faire, autant rester au lit ! Personne ne pourra nous reprocher de ne pas avoir essayé. Le yoga, c’est déjà plus notre truc, une autre première. Cette fois, BJ dirige la séance. A l’heure du crime (18h tous les mercredis et samedis), un rastaman d’un certain âge arrive. Dreadlocks, barbe hirsute, pieds nus, vient-il jouer du djembé pour rythmer la séance ? Non, lui, c’est BJ, prof de hard yoga, yeah man ! Les pauses qu’il prend, nous en mettons quelques uns au défi de les prendre ! Rhumatisme et arthrite n’on pas prise sur lui, il s’attrape les gros orteils en passant ses jambes au dessus de sa tête les doigts dans le nez ! Nos corps refuseront bien de prendre quelques unes des positions, mais l’exercice nous correspond mieux. Se dépenser pour se vider la tête, ça nous va bien. Rando, médiation, yoga, helpX, nous allons revenir avec des corps d’athlètes de très haut niveau en France. A n’importe quel moment de la journée, pour se retirer, la Tea House est un must, pas besoin de prof cette fois-ci. Entourés de verdure, face à la mer, avec pour seul compagnon ce bouddha contemplatif, la paix est royale, le lieu tranquille et le paysage magnifique. Bonus track, il y a tout ce qu’il faut sur place pour se concocter un thé (d’où le nom). Dissimulés dans la table basse, évier et réchaud fonctionnent à merveille, une grande idée, et le lieu notre endroit favori de Shambhala, quand personne ne vient nous déranger.
Dur, dur d’être un disciple
Ici, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, il y a ceux qui profitent et ceux qui bossent. Nous, nous bossons. Gare à ceux qui se moquent ! Ce n’est pas toujours une partie de plaisir, 2h30 de boulot, dures psychologiquement, comme physiquement. Quand John nous assigne des tâches, notre épanouissement n’est pas son problème, nous sommes des mains lui évitant des tâches ingrates. Au premier rang de celles-ci, le weeding, le désherbage, gazon maudit ! Allées et parterres c’est bien beau, encore faut il les entretenir ! Et sur qui ça tombe ? Célia ! Désherber, désherber et désherber. L’ennui, la déprime totale. Pour Nico, c’est plus varié, même si de temps à autre, il a aussi sa dose de désherbage. A part ça, il fait du building. Les travaux physiques, c’est pour sa pomme. Creuser un trou, vider la remorque pleine de composte ou de terre, faire du ciment à la main, passer la tondeuse, voila son champ d’action. Seul homme de l’équipe de woofer, forcément ça devait lui tomber dessus. Efrat l’Israélienne hippie et Jennifer l’indienne anglaise, se voient confier les tâches moins ardues, ménage et machine à laver, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Leurs départs un peu précipités vont redistribuer la donne, pour Célia surtout. Elle fera le boulot des deux filles, en deux fois moins de temps qu’elles, pas mal.
Sea, sex and bouddhisme
Comme il est facile de comprendre les bouddhistes qui viennent méditer ici. Entre Lhassa et la Golden Bay le choix est vite fait. Là bas, le froid, la montagne, la solitude et pas un seul café digne de ce nom alors qu’ici, plages de rêves, températures estivales et bons cafés à tous les coins de rue. Près de Puponga, on a du mal à s’imaginer que derrière de paisibles pâturages verdoyants se cache Wharariki beach, dunes et plage de sable fin où une colonie d’otaries a pris ses quartiers. Toujours dans les environs, Farewell Spit. Les néo-zélandais ont poussé l’admiration du kiwi jusqu’à imaginer que cette langue de sable forme le bec d’un kiwi. Il faut prendre de la hauteur pour le voir, car vue du sol, sable fin, dunes et mer bleu azur emplissent tout notre champ de vision. Le top du top reste l’Abel Tasman National Park. Nous nous demandons si nous sommes aux caraïbes ou en NZ. Paysage de cartes postales, les montagnes à la végétation dense plongent directement dans la mer turquoise. Certaines sont arrêtées par des plages de sable fin et doré où on aimerait se détendre quelques longues minutes si le soleil n’était pas si agressif (satané trou dans la couche d’ozone). Et dire que nous sommes au mois de décembre, en short et en T-shirt, improbable. Seule la température de l’eau vient nous rappeler le froid auquel nous sommes habitués à pareil époque. A Pohara, alors que nous nous baladions sur la plage, nous tentons un trempage d’orteils. Brrrrr, même pas en rêve ! L’eau frôle difficilement les 15°c, frustrant. Sans cela, nous aurions déjà piqué une tête. Chose que nous n’aurions pu faire à Pupu spring, eau de source naturelle sacrée émanant des profondeurs de la terre. L’eau est limpide, mais impossible d’y tremper les pieds, ça serait une offense aux maoris.
La route pour le nirvana est semée de cafés et restaurants
Il faudra beaucoup de résistance au jeune padawane pour suivre la voix du sage. Ici, les tentations guettent, adopter une vie d’ascète sans succomber aux tentations, impossible pour nous. Point d’abstinence, de l’abondance ! De Takaka à Colingwood, presque tous les cafés et restaurants ont reçu notre visite. Certains se détachent du lot. The Naked Possum est de ceux là. Il faut dire que pour notre visite, ils avaient mis les petits plats dans les grands. Spit roasted pork (cochon grillé à la broche), wood chopping contest (concours de coupage de bois) avec des vrais bûcherons de compétition, petit marché de fermiers et Gypsy Picklers en bande sonore, et en toile de fond, soleil et montagnes, l’après midi file sans crier gare. Comble du comble, le carrot cake en vitrine à l’air canon, autant demander à Eve de ne pas croquer dans la pomme, la tentation est trop grande. Et le plaisir au rendez-vous, l’après midi est presque parfaite. Deux détails clochent, le cochon était tellement bon, on en redemande, surtout, trop dur de retourner au boulot. John nous attend, nous partons, à contre cœur. Dans un autre style, Le Brigand, un café de Takaka, obtient la palme du meilleur plan. Pour 6NZ$, coffee & treat, la bonne affaire. Pour le goûter c’est parfait. En plus, l’internet est gratos, quand nous y mettons les pieds, nous prenons racine sur la terrasse ombragée et restons jusqu’à l’heure du dîner. Et le meilleur du mieux, leur chocolate caramel slice est à tomber par terre ! Un cœur de caramel fondant, une couche de chocolat cromoelleux (mi croquant, mi moelleux) sur le dessus, soutenu par une croûte sableuse, nous fondons totalement. Les autres cafés de la ville se défendent aussi, parfois pour l’ambiance, parfois pour le goût. Dans le cœur de l’ancien théâtre municipal, le Wholemeal sert pâtisseries et cafés dans un cadre à part entière. La déco n’arrive pourtant pas à détourner Nico de son Dutch Apple Cake, trop bon pour être vrai, il en rêve même la nuit. Ancienne Poste et épicerie, le Langford’s Store aurait pu lui faire de l’ombre, presque centenaire, on remonte le temps en même temps qu’on y déguste un café. Mais les pâtisseries font pâles figures, le scone nature et l’anzac biscuit n’auront pas enthousiasmé nos papilles. Et le pire, c’est que le pont suspendu historique du coin n’est même plus là, emporté par les eaux. Pas de mauvaise surprise en revanche chez Rosy Glow Chocolate. La maison rose bonbon, la vendeuse habillé style année 30 et surtout les chocolats, tout y est. Les fèves des Samoa combinées au savoir faire maison font merveilles. Turtle, nut creole, cream brazil, conquistador, ces noms aux sonorités exotiques titillent nos sens. Dans la vitrine, nous voudrions tous les essayer, nous nous limiterons à ces quatre là, délicieusement divins, nous les dégusterons en ayant une pensée pour certains. Dangerous Kitchen, adresse recommandé par nos amis hippies, le service est bon à jeter par terre, pas le carrot cake, ni le chocolate raspberry cake, délicieux. A fréquenter les cafés, notre consommation de long black a explosé. Pour changer, Takaka Infusion est une alternative savoureuse. Tenue par nos cousins germains, le thé y est la boisson vedette, le choix est large. Pas de fausse note, il y a même des pâtisseries, dont une fameuse honey walnut slice.Même loin de tout, la tentation guette. A Farewell Spit, au bout de la route gravillonnée, ce n’est pas la plage qui nous attend, mais le Paddle Crab café, les peanut butter chocolat cookies, bons et pas chers, sont parfaits pour caler notre petit faim passagère.
Régime végétarien (ou presque)
On pourrait croire que nous passons notre temps à manger des pâtisseries et boire du café, ok, il y a un peu de vrai la-dedans. Mais il faut nous comprendre, le petit déjeuner est notre seul repas jusqu’au diner, sans un goûter, nous ne tiendrions pas. En milieu d’après midi, le petit déjeuner n’est plus qu’un lointain souvenir pour notre estomac. Le goûter devient un ami précieux pour tenir jusqu’au soir. A part ça, nos repas sont sains, étiquetés « healthy food ». Avec l’arrivée de l’été, nous pouvons dévorer fruits et légumes sans assassiner notre porte monnaie. Viande rouge et saucisses sont soudainement interdites d’entrée dans nos estomacs. Tous les samedis, notre dealer s’installe sur le marché de Takaka, à la vue de tous. Salade, brocolis, tomates, concombres, avocats, fraises, framboises, poires, pommes, il a de tout, c’est de la bonne. S’il était venu à nous faire faux bond, les micros stands des maraîchers disséminés le long de la State Highway 60 nous auraient sauvé la mise. Il n’est pas rare de voire des pancartes affichant « Fresh Vegetables ». Par curiosité, nous nous arrêtons. Un stand, quelques légumes, une tirelire qui fait office de caisse enregistreuse, c’est exceptionnel. Ce n’est pas qu’un simple stand de légumes, c’est un mode de vie, ici, on fait confiance, c’est beau. Dans notre régime, végétarien, nous avons fait quelques entorses, pas beaucoup. Faute avouée, à moitié pardonnée, nous avons pêché. Pour être plus juste, quelqu’un l’a fait pour nous, et nous avons acheté sa prise. Une salade composée accompagné de son filet de poisson, la tentation est trop grande.
Terre d’artistes
Potiers, sculpteurs, peintres, dessinateurs, la Golden Bay regorge d’artistes et de galeries. Certaines méritent le coup d’œil, d’autres méritent carrément d’y passer du temps. La Daemant Gallery plus que tout autre. Sculpteurs ou acteurs, difficile de le dire tant ce duo joue la partition à merveille. Pendant que Rosie sculpte la roche d’Oamaru, Mike sculpte les présentoirs en bois, et taille le bout de gras avec le client. Il faut se les imaginer dans leur garage, Mike apostrophant l’artiste au travail d’un « Hey Rosie », collector. Si nous avions eu un coup de cœur pour une de leurs œuvres, nous aurions craqué avec plaisir. Venus pour une visite, nous avons passé presque deux heures à discuter, deux duos en représentation. Tout l’inverse de notre passage à Estuary Arts, où nous avons acheté une petite bricole. Enthousiasmés à l’idée d’échanger avec l’artiste sur sa création, son inspiration, sa technique et tout, la discussion a tourné court. L’achat s’apparente à une vulgaire course dans un supermarché, un comble ! Parlant d’artiste, John fait aussi parti de cette caste là. Dans la maison, un petit détail nous met la puce à l’oreille, les peintures et dessins portent tous la même signature, John Clere. Il est 22H30 quand Nico pose la question fatidique. C’est bien sa signature, surprenant. Alambiquées, certaines de ses œuvres ne nous plaisent pas, en revanche, ses dessins sont particulièrement réussis. Nous voulons en savoir un peu plus, mais lui ne dévoile rien, il s’éloigne dans la pénombre, la discussion tourne court.
Le Mussel Inn, temple local
Bien plus qu’à Shambhala, The Mussel Inn est LE temple local. Les fidèles y affluent toute la journée, sans discontinuer. Atout majeure de ce succès, leurs bières. Brassées localement, issues de recettes maisons, elles ont tout pour plaire. La Captain Cooker est la tête de gondole, notre préférée. Le vendredi soir, ambiance kiwi, le parking est bondé. Nous pénétrons dans le temple. Ambiance rustique, tout est en bois, nous remontons dans le temps, époque cowboy, ne manquent que les portes saloon à l’entrée. Nous sommes fan, de l’ambiance, aussi de la bière. L’architecture, l’usure, tout laisse à penser que le pub est centenaire, mais non, il soufflera ses vingt bougies la semaine suivante. Cool ! Pour l’occasion, concerts et bières au prix d’il y a vingt ans pendant une semaine, grandiose ! Samedi 15 décembre, JOYEUX ANNIVERSAIRE ! La bière à 2,5NZ$, c’est cadeau. Bon, la Captain Cooker reste au prix standard, c’est la first light lager pour ce prix, une blonde plus légère, bonne aussi. Pour l’occasion, nous nous lâchons, assiette de nachos, moules vertes à la vapeur, moules en chowder (sorte de soupe), pain à l’ail, et crumble en dessert. Les bières sont top, mais la restauration est quelconque, sauf les nachos, parfaits en accompagnement de nos mousses. Vingt et une heure, The Immigrants prennent le micro pour délivrer la bonne parole. Deux heures de son pop-rock à fond, rifs de guitare, voix rocailleuse, ça sent les sueurs, l’ambiance monte, les kiwis se donnent sur le dance floor. Sans conteste, ce bar dégage quelque chose, notre préféré de Nouvelle-Zélande, pas pour rien que nous y retournerons les deux jours suivants.
Plus de deux semaines se sont déjà écoulées, notre séjour à Shambhala touche à sa fin. Mardi 18 décembre, nous partons pour lentement rallier Christchurch, et récupérer Vivi, la maman de Célia, qui vient passer noël avec nous. Justement, noël, au soleil, le célébrer sans le froid et sans la neige, ça a quelque chose d’assez anachronique pour nous, presqu’incompatible. A Takaka, les décorations sont en place et la parade a déjà eu lieu, pourtant, ça ne colle pas avec Noël. Le froid et la neige nous manquerait presque !
Ha oui Noël au soleil ça fait bizarre !
Dis-donc heureusement que vous faites pas mal de randonnée avec tout ce que vous mangez les gourmands !!!
Coucou la jeunesse, je vous souhaite de trés belles fêtes de fin d’année. Continuez a être heureux. Profitez bien de Viviane pendant ces quelques jours (elle ne tient plus en place:-) je vous embrasse bien fort.
Salut, tout est dit, on va faire exactement comme ça ! Bonnes fêtes de fin d’année. Grosses bises
Passez un bon Noel avec Viviane que vous embrasserez pour moi. Je suis encore à Moscou et la semaine a été à – 20 en moyenne…Demain St Petersburg express (dans la journée ,) avant un retour à paris. Biz à tous les 2. JPMO
Joyeux noël, bises de nous 2