Good, hey ?

Souvenez-vous ! Par une journée pluvieuse, nous remontions la côte ouest depuis Haast en direction de Franz Josef, les dégustations se suivaient les unes après les autres. L’une d’elle se déroulait chez Curly Tree Whitebait Company, avec des whitebait patties cuisinées par Moana, dont le nom d’origine maori signifie « mer », pas surprenant pour quelqu’un qui tient une entreprise de pêche ! En taillant le bout de gras, le helpXchange vient sur le tapis. Comment ? Mystère ! Tout nouveau, tout beau. Pour la première fois cette année, elle le pratique. Intéressant…Faut croire qu’elle nous apprécie bien, elle nous dit carrément qu’elle serait ravie d’être notre hôte. Sur la route qui nous mène à Franz, l’idée fait son trou.

Ca serait un bon en arrière de 150 kilomètres, mais après tout, nous ne sommes plus à ça près ! La machine à fantasme entre en action, nous nous imaginons déjà sur le chalutier, cirés sur le dos, affrontant les embruns d’une mer déchainée pour arracher à la mer ces précieux alevins. Du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas. Samedi 27 octobre, nous nous mettons en route pour la Waita River, en échange du gîte et du couvert nous offrons nos bras. Perdus au milieu de nulle part, l’immersion sera totale, 24/24 avec Moana et sa famille.

West Coast,  deux semaines plus tard, rien à changé, la pluie s’acharne toujours sur cette région. A-t-elle seulement cessée depuis notre passage ? La question mériterait d’être posée, nous n’aurons pas cette audace, pas tout de suite. Nous aurons très vite notre réponse car dès le lendemain, à Ship Creek un magnifique soleil accompagnera nos pas, la vue sur la mer, le bush, les montagnes et les pêcheurs de whitebait n’en est que plus belle.

Maintenant dans ses filets, nous découvrons le monde de Moana, son mari, Tony, ses deux fils, Jacob, 8 ans, et Ernest, 10 ans, sa maison, son atelier, nous faisons le tour en un rien de temps. L’entreprise est familiale, la maison tient dans un mouchoir de poche, les locaux de stockage et d’empaquetage ne sont pas de première jeunesse. Établis depuis 2009, ils font avec les moyens du bord, plutôt bien, en attendant mieux.

Dans cet ensemble un peu défraîchie, notre logement ne dénote pas. Si nous croyons un instant que la caravane garée à coté de la maison est destinée à la casse, nous déchanterons vite en apprenant qu’il s’agit de notre logement. Pas d’électricité, ni de chauffage, toute aspiration à un peu de confort s’évapore. Pour affronter les fraîches nuits de printemps, il nous faudra compter sur l’armée de couvertures mise à notre disposition. Et qui sait, peut être qu’un jour il fera chaud !

Avant le repas du soir, Moana nous distille la première leçon de « packaging de whitebait».  Attention, pas le droit à l’erreur, un sachet de 250 grammes pèsera  252 gr., un de 500 gr. en pèsera 504, et un de 2kg, 2010 grammes. Dans le poids, il faut penser au sachet plastique, histoire de ne pas voler le client. Mettre les alevins dans les sachets, y coller les étiquettes et les dates de péremption, easy, par contre la mise sous vide à la mano, quelle galère ! Notre prof tentera bien de nous transmettre son savoir, rien y fait, ça ne fait pas pschiiiittt comme ça devrait. Après trois jours d’essais, Nico y parviendra, Célia ne s’est même pas acharnée.

La leçon ne s’arrête pas là, un cours de cuisine kiwi arrive aussitôt après. Nos macaronis au fromage ne feront pas frémir Georges Blanc dans sa cuisine, et ce malgré le succulent bacon qui les recouvre. Pour ce qui est du sanglier, des spare ribs, de la sauce bolognaise, des salades et pommes de terre nouvelles du jardin, pas sûr en revanche que cela ne réveille quelques appétits. Ce premier repas nous donne l’occasion d’échanger avec nos hôtes et découvrir Tony que nous connaissons moins. Ex-rugbyman, le colosse est une personnalité attachante aux multiples facettes. Cet ancien sportif de haut niveau, dont la carrière de policier a précédé celle de pêcheur, pourra tout aussi bien pousser la chansonnette en grattant quelques notes sur sa guitare, que cuisiner un petit repas bien sympatoche. D’ailleurs, pour la plupart des nôtres, c’est lui qui s’y colle, Moana sirotant dans son fauteuil son p’tit ballon de rouge. Une bonne bouffe, du vin, de la parlotte, de la rigolade, du temps passé à table, ce n’est pas sans nous rappeler nos bonnes vielles traditions gauloises.

Ici, nous finirons par nous sentir comme des invités. Car, il faut bien l’avouer, notre travail n’aura pas été d’une aide immense pour eux. Un peu de jardinage, un peu d’empaquetage, un peu de rangement, récupérer les enfants à l’école, deux trois autres bricoles, ça ne pèse pas lourd. Que ceux qui seraient tentés de nous taxer de profiteurs se ravisent ! Nous sommes mobilisés toute la journée, malheureusement la saison de pêche n’est pas fructueuse, le travail n’abonde pas, ni pour eux, ni pour nous.

Cela ne les empêchera pas de nous faire vivre des moments magiques, gravés pour toujours dans nos mémoires. Pour notre initiation à la pêche au whitebait, ils auraient pu se contenter de nous mettre le filet dans les mains et nous donner le mode d’emploi façon Ikéa. Mais non le scénario avait été écrit à l’avance, le Lindauer mis au frais. Avant d’arriver à l’embouchure de la Blue River, où l’eau douce se jette dans la mer, nous découvrirons la cabane de pêche de Tony, inaccessible sans un bateau. Puis, alors que le soleil se couche, la leçon de pêche commence. Elèves attentifs, nous écoutons les conseils, mais les bulles du bubble wine troublent notre écoute. Dans nos filets, pas de whitebait, mais une tonne de souvenirs.

Pour notre dernier jour, alors que nous commençons à arracher quelques mauvaises herbes, Tony nous réquisitionne, pour l’accompagner à la pêche à la langouste. Euh, et notre travail dans tout ça ? Nous laissons tout tomber, il ne faut pas traîner, les conditions sont idéales pour s’y rendre. Sur le bateau, près de la Whakapoha River, nous mesurons notre chance de vivre une expérience unique. Pendant que nous rêvassons, Tony enfile sa tenue de plongeur et disparait sous les eaux, nous laissant plantés seuls sur le bateau. Cette fois, les petites bulles sont celles de la bouteille d’oxygène de Tony, il s’approche. Quand il fait surface, il nous tend son filet remplit de crayfish, comme l’est la hotte du père Noël un 24 décembre.

Une langouste tout fraîche en entrée, voila qui agrémentera merveilleusement notre dîner du soir. Cocorico, French dinner is ready ! Pruneaux au lard, quiche lorraine, langouste, couronne de légumes fromagère, rôti de bœuf, financiers, vin rouge, pour notre dernière soirée nous leur avons concocté un festin qui conclue en beauté notre séjour ici.

2 réflexions sur “Good, hey ?

  1. Super !
    Que de moments inoubliables !
    Et bande de gourmands ! Il n’y a pas une note sans que vous ne parliez de bouffe ! lol
    Au fait, rassurez-vous, la pluie c’est également notre quotidien mais ici, le paysage ne fait pas rêver…

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