Si sur Google maps vous voyez une diagonale entre Te Anau et les Catlins, se dessiner c’est nous ! D’un paysage à l’autre, des montagnes à la mer, de la neige à la pluie, de la flore à la faune, nous allons encore en découvrir des belles choses !
Nous…euh Nico passera une bonne partie de l’après midi à conduire. Non pas que la route soit très longue, 200 kms à vue de pieds, mais nous ne sommes pas pressés du tout. Dix minutes à peine après notre check out, et déjà une première pause, au Fat Duck Café, le ratio temps passé / chemin parcouru est exécrable. Pour ne rien arranger, sur highway, c’est limité à 100 km/h, nous ne sommes pas rendus. T’façon, l’adage le dit, qui veut voyager loin, ménage sa monture.
Après une dernière pause à Gore, nous finissons par rallier notre auberge à Surat Bay. Oh surprise, les cigales nous accueillent, l’accent chantant de la propriétaire sent bon le Sud de la France. Ici, ce n’est pas le ras de marée touristique, à part nous, un seul autre couple d’anglais est présent. L’espace d’une soirée, nous partagerons la chaleur d’un feu de cheminée devant un film tourné ici…Wolverine. Après tant d’émotions, nos anglais partent se coucher. Pour l’occasion, Eddy Mitchell ressort des cartons, c’est la dernière séance, à l’affiche ; Johnny Cash (pas besoin de vos lunettes 3D vidéos). La nuit pas un bruit, le matin vue sur la baie depuis notre lit, grand et confortable, que demander de plus!
Dimanche 30 septembre, jour placé sous le signe de la faune. Surat Bay est un repère de lions de mer. Un peu comme un club de biker squatterait un bar sur la route 66, ils s’y sont installés, sont comme chez eux. La plage est à eux, le bush aussi, n’inversons pas les rôles, ils nous observent, pas l’inverse ! Avant cette épreuve, Célia donne les consignes. Les lions de mer sont : des Usain Bolt des mers qui sur 4 mètres peuvent nous rattraper et nous mettre 5 secondes dans la vue sur 100 mètres, des Mike Tyson qu’il ne faut pas aller caresser sous peine de se faire fracasser. Bref, des bêtes sauvages dont il vaut mieux se méfier. Faut dire qu’ils peuvent peser jusqu’à plusieurs tonnes (toujours selon Célia), attention !
Avec prudence, nous nous engageons sur la plage. Pendant une bonne heure, rien, puis soudain, un lion de mer ! Et là…rien de plus. A peine à deux mètres de nous, ce lion, en fait une lionne, nous ignore royalement, elle baille. Pendant que Nico prend quelques clichés, Célia respecte ses propres consignes de sécurité, au cas où ! En tout et pour tout, nous en verrons cinq, dont un vicieux caché dans le bush, avec qui nous nous toiserons du regard et un autre pesant sa demi-tonne. Voir à quelques pas de nous ces bêtes plus moches que méchantes, en toute liberté, c’est un peu troublant.
Pendant ce temps là, la météo se dégrade. Si la grisaille s’est maintenue pour notre balade, après c’est le déluge. Revenant de Balclutha, nous nous arrêtons à Nugget Point pour voir le phare et les pingouins, mais avant cela, un petit extra.
Depuis le matin, rien d’autre n’occupe notre estomac que notre petit déj’, en fin d’après midi, cela sonne un peu creux. D’autant que l’heure du dîner est arrivée plus vite que prévue. Le gaillard du centre d’information locale nous annonce la dernière ; nous avons avancé d’une heure ! Yes, nous pouvons passer à table sans risquer de passer pour des anglais. En parlant d’eux, ce soir c’est fish’n’chips…Deux morceaux de hoki, une montagne de frites, des bières, yapluka nous garer sur le parking de Nugget Point pour déguster, Yanouchka s’improvisera salle de resto avec vue sur mer.
La seule ombre au tableau dans tout ça ? Cette pluie incessante et ce vent à décorner les bœufs ! Pas idéal pour aller visiter le phare de Nugget Point, alors qu’une vue splendide nous attend, satané temps de cochon ! Pourtant, pas question de cochon ici, plutôt des pingouins aux yeux jaunes, traduction mot pour mot de leur nom anglais. Pour les observer un abri nous attend. Nous nous attendions à une petite cabane en tôle exposée aux vents et à la pluie. Que nenni, un observatoire en dur avec un toit, quatre murs et des fenêtres, nous sommes trempés mais au sec.
La nuit commence à tomber, les pingouins rentrent de la pêche pour regagner leur nid terrestre. A peines arrivés, nous voila déjà servis, en contrebas, il en est un qui prend la pose telle une statue grecque. Mais un ne suffit pas, le couple d’anglais partageant notre auberge en a vu 3, la rivalité séculaire est ravivée ! Nous nous armons de patience et de jumelles qu’un couple de chinois présent sur les lieux nous prête, et nous scrutons les plages. Cela finira par payer, nous en verrons quatre autres ! On est les champions, on est les champions, on est, on est, on est les champions…Quand ils rejoignent la terre ferme ces animaux ont l’air un peu gauche, mais ils sont tellement mignons qu’on ne se lasse pas de les observer (malgré l’attente).
De retour dans nos pénates, nous sommes à la maison, seuls clients, personne d’autre. La cuisine, le salon, les douches, tout est pour nous. Dans ces conditions, n’est ce pas le moment rêver pour Célia de découvrir les paysages de Nouvelle-Zélande…sous une autre facette, avec plus de Hobbits et moins de kiwis, plus d’orques et moins de moutons, plus d’Uruk-haï et moins de all-blacks, le Seigneur des Anneaux en un titre, l’épisode un.
Curio Bay, notre destination du lendemain aurait bien pu figurer dans ce film. Avant d’y parvenir, nous ferons un arrêt infructueux aux Mclean Falls, fermées pour cause de chutes de pierres, certainement un mauvais tour de Saroumane. Heureusement, les scones aux dattes de la grenouille sifflante (le nom traduit du café d’à coté) nous remonterons le moral suite à ce terrible échec. Gandalf veille au grain, sûr !
Les Catlins sont une région où la nature est encore à l’état sauvage, l’intervention de l’Homme, tout comme sa présence ne sont pas trop marquées. Des forêts à perte de vue, des plages s’étendant sur des kilomètres, des rivages déchiquetés, c’est moins spectaculaire que le Fiordland, ok. Mais quand même, Curio Bay, une forêt pétrifiée vieille de 180 millions d’année s’étale là, sous nos pieds, impressionnant ! Pour les archéologues en herbe, c’est un joyau. Nous scrutons minutieusement le sol pour y découvrir les fameux troncs, ce n’est pas Indiana Jones, mais presque. Quelques mètres plus bas, les vagues s’écrasent sur le rivage. A marée haute, tout le site est sous les eaux, cela le rend un peu plus exceptionnel.
Sur le chemin du retour, nous décidons d’aller visiter une autre chute d’eau, histoire de ne pas rester sur un échec. Celle de Purakaunui sera l’heureuse élue. Elle est mignonne, mais comparée à celles que nous avons vues en Islande, rien à voir, mais il faut le voir pour le savoir. Il est alors temps pour nous de rentrer à la maison. Là-bas, Frodon, Gollum et Sam nous y attendent pour finir de nous raconter leur épopée formidable.