A l’attaque du Hump Ridge Track

Incontestablement, la Nouvelle-Zélande est le pays des randonneurs, peu importe l’endroit où nous nous arrêtons, il y’en a pléthore. D’une heure à plusieurs jours, il y’en a pour tous les goûts. Tuatapere, n’échappe pas à la règle, l’Hump Ridge Track (HRT pour faire court) étant la randonnée phare. Nous avions prévu de la faire et notre woofing nous facilite les choses. Il nous suffit d’informer Craig, et voila notre randonnée programmée. En notre absence, les valises sont bien au chaud dans la chambre, nous reviendrons tout de suite après comme des fleurs ou presque.

Avant de partir, il nous aura fallu faire quelques achats à Invercargill. Là-haut, un duvet est indispensable, et nous n’en n’avons pas. Une fois ces quelques achats faits, nous voila  bien équipés, ready to go. Enfin presque, manque l’étape paquetage. Pain de mie, fromage, jambon, nouilles chinoises, riz, barres chocolatées et de céréales, bananes, pommes, eau, réchaud, couverture, duvets, vêtements secs pour le soir, gamelles, couverts, opinel, pansements, 2-3 médicaments, appareil photo, caméscope, les mules sont bien chargées, il n’y a plus qu’à faire les lacets et se lancer.

En ce moment, c’est winter season, sur le track nous ne sommes pas très nombreux, six en nous comptant. Devinez d’où viennent les quatre autres ! Bingo, de France ! Six touristes sur le HRT, tous français ! Cette présence gauloise a au moins le mérite de rassurer Célia, nous ne sommes pas seuls, question sécurité, c’est mieux.

Pour vous faire un peu peur, l’HRT est une boucle de 55 kilomètres, à parcourir en 3 jours. La première nuit se fait à l’Okaka lodge, à 900 mètres d’altitude et la deuxième à Port Craig, plus où moins au niveau de la mer. Chaque jour, 7 à 9 heures de marche nous attendent. Autant de distance sur un laps de temps si court, ça sera une grande première pour nous.

Jeudi 20 Septembre, 8h45, approximativement, nous arrivons au point de départ. Le soleil se fait timide, cette première journée s’annonce nuageuse. Les premiers kilomètres s’enchaînent sans grande difficulté, nous marchons sur la plage, d’immenses flaques d’eau viennent un peu dévier notre course. Ce n’est que bien plus tard que la pente se fera raide. Avant cela, il nous aura fallu traverser la dense rainforest (forêt tropicale humide) qui recouvre une bonne partie du parc du Fiordland.

Quand cela se met à grimper, ça grimpe, sévère même ! Du groupe de quatre français (deux couples) qui ‘avoinaient grave’ le matin même, nous en rattrapons trois, bien moins fringant. Ah, on fait moins ses malins ! Ils n’ont pas menti quand ils nous ont parlé d’un premier jour difficile. Nous concernant, ça va, maintenant que nous sommes chauds, nous grimpons à l’aise. Et puis, nous étions prévenus, psychologiquement prêts. L’autre groupe s’étant un peu engagé à la va vite, sans trop se renseigner, les filles ont été toutes surprises de voir un tel dénivelé, elles ont failli en avaler leur gourde !

Nous qui sommes chauds bouillants, nous profitons de la nature environnante. Plus nous montons, plus la forêt devient mystique, les arbres se parent d’une mousse pendant comme un feuillage, s’ajoute la neige fondant, il pleut dans la forêt, étrange ambiance. A l’approche de notre Lodge, la neige devient plus présente. Plus bas, ce n’était qu’une fine couche, maintenant ce sont plusieurs centimètres de neige qui recouvre le sol, nous en avons jusqu’à mi-mollet. Garder les chaussures sèches dans ces conditions est impossible (même si ce n’est pas français), nos pieds sont trempés ! Et encore, heureusement que la voie a déjà été tracée par le quatrième larron de l’autre groupe, marchant dans ses pas, nous limitons la casse.

Ces considérations matérielles sont néanmoins peu de choses à coté de la beauté des paysages. Sur ce chemin de crête, la vue est dégagée, autour de nous, des montagnes aux sommets enneigés, et juste derrière, la mer, surréaliste. En haut c’est blanc, au milieu c’est vert et en bas c’est bleu, inédit.

Qui dit neige, dit froid. La semaine précédente, la couche de neige trop importante barrait le passage, en quelque sorte, nous ouvrons la piste (une seule personne a emprunté ces sentiers avant nous). Compte tenu de cette faible fréquentation, le lodge ne tourne pas à plein régime. Cela signifie ; pas de chauffage, pas d’eau chaude, pas de gaz et un trou qui fait office de toilette. Des matelas, quatre murs, un toit, service minimum. Une fois sustentés, la seule option est de se mettre au lit. Dehors il fait nuit, dedans il fait froid, entre 0°c et 1°c, un glaçon ne renierait pas. Heureusement, nous sommes équipés. Pour passer la nuit, nous enfilons tout l’attirail, gants, bonnets, polaires, pantalons, collants, chaussettes et blousons. Ne vous y trompez pas, nous ne partons pas en rando, mais au dodo.

Le matin, quelques rayons de soleil viennent caresser nos joues. Du ciel bleu, du soleil, sommes-nous au paradis ? Non, nous n’aurions pas les doigts de pieds congelés…Dans cet environnement peu chaleureux, nous ne traînons pas. Enfiler ses chaussures est la pire épreuve avant de sortir. Glisser ses petits doigts de pieds dans des chaussettes et des chaussures mouillées et congelées, voila une torture qui aurait fait parler plus d’un terroriste à Guantanamo !

Une fois dehors, le panorama est grandiose. Plus encore qu’hier, nous sommes sous le charme, le soleil est radieux, nous aussi. Les jambes légères, nous arpentons le chemin tracé. Entre les montagnes et les forêts enneigées, le soleil irradiant tout cela et la mer en point de mire, nous en prenons plein les mirettes.

Pour rejoindre Port Craig, au niveau de la mer, va falloir redescendre. C’est alors que nous nous enfonçons dans la forêt, encore. Marcher à l’ombre des arbres c’est très agréable, mais cela peut devenir monotone, ce qui est un peu le cas de cette deuxième partie de journée. Nous empruntons des viaducs datant de l’époque où l’exploitation forestière était installée, nous passons sur les voies ferrées servant à transporter le bois depuis le lieu d’abattage jusqu’au port. Cela est évidemment très plaisant, mais lorsque cela dure près de trois heures, sans voir la lumière du jour, l’ennui guette. Quand nous arrivons à destination, nous avons le bonheur de découvrir notre maison pour la nuit, une ancienne école réaffectée en « hut ». A l’intérieur, le poêle à bois exaucera notre vœu le plus cher ; nous réchauffer. Dans cette atmosphère moins hostile, nous profitons de la soirée. Pendant que nos chaussures sèches, nous acceptons l’invitation à regarder un film formulée par nos camarades de marche. Sur ce divertissement, la soirée s’achève.

Troisième jour de marche, les jambes sont lourdes. Pas les nôtres, celles des bretons. Contrairement à nous, ils n’ont pas hyper bien préparé la rando. Pour les filles, c’était même une première, la crise de nerfs de l’une d’entre elle se glisse même dans leur discussion. Pour les mecs, reprendre sur leurs épaules leurs sacs de 20 kilos transportant boîtes de conserves, duvets et couvertures en tout genre semble les déprimer. Nous nous sommes bien gardés de jouer nos malins avec nos sacs d’à peine 12 kilos au total (8 pour Nico et 4 pour Célia).

8h39, nous décollons, cet intermède avec ce groupe fut assez agréable, mais il est temps de partir. D’autant que ce samedi, la météo nous surprend. Nous avions ciblé ces 3 jours car le temps devait rester à peu près bien. Et normalement, aujourd’hui, ce n’était pas soleil mais nuages. Or là, c’est grand ciel bleu, de la bombe bébé ! Encore une fois, nous nous enfonçons dans la forêt. Un peu rageant à force, surtout que le bruit des vagues venant se fracasser sur les galets nous chatouille les oreilles. Mais Nico en est persuadé, un jour, nous longerons la mer, c’était marqué sur le plan de l’auberge d’hier soir !

A travers les arbres, lorsque le ciel se fait de plus en plus présent, c’est un bon présage. Victoire pour Nico ! Nous arrivons dans une magnifique petite crique, au bord de l’eau comme convenu ! C’est qui qu’avait raison ?!? Bibi !!! Cette petite victoire personnelle acquise, nous nous délectons de ce nouveau paysage, il est tellement agréable de marcher avec une vue dégagée, et de laisser le soleil nous réchauffer (bien sûr protégés avec crème solaire, casquette et lunette, trou dans la couche d’ozone oblige). Sur les rochers baignant dans la mer, à peine à quelques mètres de nous, nous pourrions même ramasser quelques moules pour le repas du midi, il y’en a à la pelle !

Niiiiiiiiiiiiiiiiicooooooooooooooooooo, une baleine ! C’est par ce petit crie d’ahurie que ma belle partage sa découverte, la vue perçante de Célia a aperçu l’animal ! Jusqu’ici, le seul animal que nous avions vu était un possum mort dans un piège prévu à cet effet. Les kiwis, les daims ou les dauphins, en théorie nous avions des chances d’en apercevoir, en pratique, walou, même pas une trace laissée dans la boue ! Les baleines, en revanche plus difficile à apercevoir, ça oui, incroyab’ ! Cette baleine s’amuse à nous faire coucou avec sa nageoire, la coquine ! A plusieurs reprises nous la verrons, ce qui nous amènera même à nous arrêter prendre notre déjeuner, des fois qu’on la reverrait encore. Et bingo, nous la revoyons, et encore une troisième fois, presque lassant…lol. A cet instant, nous regrettons de ne pas avoir des jumelles pour mieux l’apercevoir. Ce petit jeu d’observation nous aura mis de fort bonne humeur pour continuer notre marche.

Cela sera en tout cas le dernier épisode marquant de notre randonnée, après nous connaissions déjà. Pour les derniers kilomètres, nous réempruntons le même chemin, nous longeons la mer avant de rejoindre le bush puis notre voiture. Il faut quand même le reconnaître, la fin était un peu longue, les mollets tiraient un peu. Surtout, nous finirons par nous dire que nous ne sommes pas si mauvais que ça, l’autre groupe, nous ne l’avons plus jamais revu alors que nous nous sommes arrêtés presqu’une heure pour observer les baleines et déjeuner.

Une fois avec Yanouchka, nous n’avons qu’une idée en tête, rejoindre Tuatapere, nous étirer et prendre une douche. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous voila chez Craig. Oh surprise, une bande de romano s’est installée sur le parking, voiture usée et chargée ras la gueule, remorque, ils viennent d’où ceux là ? La caravane, elle est où ? Finalement, il s’avère que c’est le père de Craig, 70 ans, sa deuxième femme, thaïlandaise et enceinte à 42 ans, et leurs deux autres gosses qui sont arrivés. Il est prévu qu’ils s’installent tous dans la région, en attendant de trouver une maison, ils squattent ici, ce n’est pas la place qui manque.

Heureusement pour nous, nous ne restons que 3 jours. Avec toute la smala et l’autre couple de woofers anglais qui est arrivé, nous nous marchons un peu sur les pieds. Et la cuisine dans tout ça ? Elle est presque finie, mais vue comme elle est rangée, nous avons presque l’impression qu’elle est encore en chantier. Et que va penser Violaine dans tout ça ? Va-t-elle revenir se ré-installer avec Craig ?

3 réflexions sur “A l’attaque du Hump Ridge Track

  1. Quoi ?
    Vous craignez encore le froid avec ce que vous avez subi en Russie ? Bon ok, là c’est humide hein c’est ça ?!
    Haaa les baleines, instant simplement magique !

  2. Vous devriez en faire un livre à votre retour! Un vrai roman, avec du suspense et tout et tout! Mais je crois que je l’avais déjà dit à Célia 🙂
    C’est dur de vous lire pour ceux qui font boulot-dodo toute l’année… Mais tellement heureuse de voir que tout va bien malgré le froid, les chaussures mouillées par la neige ou encore la « monotonie » de la forêt… Je pense à vous tout le temps et je regarde régulièrement le prix des billets en attendant impatiemment de savoir quand est-ce que je pourrai vous rejoindre!
    Je vous embrasse fort,
    Chtounette

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