J’irais revoir ma Normandie

Le Gouvernement ferait bien de nous consulter avant de mettre en place des plans anti-canicules fantaisistes. Oui, car face aux poussées de chaleurs, nous avons la solution : envoyer tout le monde en Normandie ! Incroyable que personne n’y ait jamais pensé…

Pour l’avoir testé, la solution est époustouflante d’efficacité, à tel point qu’on se croirait presque en hiver. Alors qu’il fait 35°c à Paris, à Grandcamp-Maisy (qu’il ne faut pas confondre avec le célèbre chanteur…euh parleur rythmé plutôt) c’est brouillard et 20°C, c’est pas beau ça !

Pour le plagiste à la peau buriné par le soleil, non ce n’est pas beau, mais si on (qui est un con) venait ici pour le soleil, ça se saurait depuis longtemps ! Crème fraîche, beurre, camembert (aussi surnommé calendos le tueur de mouches), lait, cidre, prendre des kilos, voila pourquoi on se déplace en Normandie. C’est d’ailleurs avec ce noble objectif que Vivi, Célia, Clément et Nico s’y sont déplacés.

Nous exagérons un tantinet, car la Normandie, c’est aussi ses plages et son histoire récente marquée au fer rouge. La pointe du Hoc, Omaha beach, Utah beach, impossible de ne pas ressentir la férocité des combats qui y ont fait rage. Des bunkers détruits, des paysages dévisagés par les pluies d’obus, des barbelés barrant l’accès aux falaises, c’est l’enfer qui s’est abattu ici. Aujourd’hui, si la végétation a repris ses droits, le devoir de mémoire demeure. Nous l’honorerons en rendant visite aux plus de 9 000 soldats américains victimes de ces atrocités au cimetière américain de Colleville sur mer, mais aussi en se rendant au cimetière allemand de Lacambe.

Malgré tout ça, comment ne pas sourire en regardant, à Saint Mère Eglise, cette scène cocasse où le parachutiste est resté accroché au toit de l’Eglise.

Mais bon la Normandie ce n’est pas que ça ! Le Mont Saint Michel, ça vous parle ?!? Avec la forêt de Fontainebleau, c’est un des sites les plus visités en France. Et pour cause, érigé un tel monument sur ce piton rocheux, ça vaut le détour, plutôt deux fois qu’une ! Pour ne rien gâcher, le soleil s’est joint à nous, le thermostat affiche presque 27°C, température limite ici, la crème fraîche d’Isigny tourne vite au fromage sous cette canicule normande.

A peine débuté notre visite que nous bloquons déjà sur un restau. Certes il n’est pas encore l’heure de passer à table, mais les cuisiniers battant en rythme les œufs dans leurs culs de poules ont attisé notre curiosité. L’omelette tradition française de la Mère Poulard, nous ne pouvions rater l’occasion ! Rendez-vous est pris pour 13h30, le temps pour nous de nous faufiler entre les touristes, venus nombreux, pour découvrir les rues étroites et tarabiscotées serpentant autour de l’Abbaye du Mont Saint Michel.

Nous montons, nous descendons, nous marchons sur les remparts, nous longeons l’Abbaye, nous découvrons, nous surveillons les mouettes, pour nous tous c’est une première et quelle première ! Sans les rues inondées de touristes et les boutiques regorgeant de pacotilles « made in China », nous nous croirions revenues à l’époque de la Guerre de cent ans où Bertrand du Guesclin repoussait sans relâche les assauts britanniques. Les vieilles pierres, les toits en bois, les remparts, les rues étroites, l’atmosphère du XIVème siècle est presque palpable et la visite de l’Abbaye et de ses jardins ne fera que nous y plonger un peu plus.

Et notre omelette dans tout ça ? Il y a bien longtemps qu’elle est digérée. Les cuisiniers se sont faits musiciens pour battre en rythme ces omelettes, une fois l’onctueuse préparation terminée, direction la casserole. Devant sa grande cheminée, l’autre cuistot s’occupe de la cuisson, dans du beurre, bien sûr, et au feu de bois s’il vous plaît. Une fois l’assiette arrivée, nous oublions les terrines que nous avons déjà dévorées. Oubliez les omelettes baveuses, en face de nous, nous avons l’omelette façon « Mère Poulard », légère et onctueuse. Difficile de s’arrêter au Mont sans être tenté par une omelette de la fameuse auberge, néanmoins, ses saveurs et sa texture ne seront pas du goût de tous. La preuve : 50 % des présents autour de notre table ont adoré, les 50 % autres préfèrent les omelettes baveuses, il y’a débat. Une chose est sûre cela ne vaut ni les moules, ni les crêpes Suzette ni même les sushis que Vivi nous a patiemment préparé lors de notre court séjour, la Mère Poulard a du souci à se faire…

Le dernier jour approche, et ce n’est pas notre glace italienne à la crème d’Isigny qui nous fera oublier l’imminence de notre retour à Paris. Pour clore en beauté cette escapade, nous nous rendons à Bayeux, lieu de résidence de la fameuse tapisserie. Avant cela, nous aurons arpenté les rues de cette charmante ville au charme rétro. Avec ses petites rues, son marché et ses moulins à eau, la ville a tout d’une étape incontournable dans les parages. Sa majestueuse Cathédrale ne sera qu’un argument supplémentaire pour vous y faire venir. Surtout, une fois sur place, ne manquez pas le musée de la tapisserie.

Bien sûr, pas une tapisserie pour recouvrir les murs crayonnés de la chambre des enfants, mais une tapisserie retraçant sur 70 mètres de long la conquête du trône d’Angleterre par Guillaume Le Conquérant. Maudits anglois qui ont voulu, par l’intermédiaire d’Harold, subtilisé la couronne au Duc de Normandie ! Depuis sa tombe, il doit le regretter amèrement… Cette tapisserie avait pour but de relater aux gueux illettrés les exploits de Guillaume. Une riche idée et une belle réalisation que nous avons eu la chance de voir dans ce musée, au demeurant extrêmement bien fait et intéressant.

Sur cette note culturelle, nous quittons la Normandie, le soleil brille, il ferait même presque chaud ! Comme quoi, après le 15 août il fait beau en France, même en Normandie.

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