Cartagena de las Indias

Quel est le point commun entre Carthagène et l’enfer ? Vous ne trouvez pas ? Facile pourtant, la chaleur ! A peine le pied posé sur le tarmac que nous étouffons, impossible de faire un mouvement sans être en eau, dur !

En taxi, nous débarquons à notre Hostal, El Viajero, l’ambiance routarde jeunes beaux et bronzés colle bien avec la ville. Car Carthagène, c’est la Mecque du tourisme en Colombie, les croisières s’y arrêtent pour débarquer des hordes de touristes étrangers, les routards y passent, les colombiens aiment venir y faire un tour en calèche. Bref, nous changeons un peu d’atmosphère, ici nous sommes loin d’être les seuls étrangers.

A dire vrai, même si ce n’est pas notre favorite, nous comprenons pourquoi les touristes aiment venir passer du temps ici. La Ciudad Vieja est un puissant témoignage de la richesse passée de la ville. De grandes demeures coloniales aux couleurs chatoyantes, des églises, de plazoletas, c’est un régal pour les yeux. Dommage en revanche que certaines d’entre elles soient en état de délabrement, avec un peu plus d’attention cette ville serait un vrai trésor.

Plus nous y passons du temps, plus nous apprenons à apprécier la ville. Marcher sur ses remparts, se perdre dans les petits rues, deviner quel bougainvillier orne le mieux un balcon, boire une limonada de coco dans un des bars branchés, c’est un plaisir.

Malheureusement pour cette ville balnéaire, les plages sont moches. A Bocagrande, si des immeubles blancs immaculés ont bien envahi les lieux pour accueillir de plus en plus de touristes, en revanche, le sable blanc et l’eau turquoise ont fui. Le folklore des negritas vendant de délicieuses salades de fruits ne suffit pas à nous faire oublier le sable gris. Les yeux fixés sur l’horizon, impossible de distinguer les eaux cristallines que nous appelons de nos vœux.

Pour trouver de belles plages, il faut s’écarter, partir en mer pour un tour au large des îles du Rosario. Sur l’embarcadère, la foule de touristes se pressant pour grimper à bord des bateaux nous rebute un peu, nous attendons avec impatience le départ pour trouver un peu de quiétude. Notre bateau étant du genre véloce, nous la trouverons rapidement. Dès que le pilote met les gaz, ça pousse ! Les souvenirs de notre traversée philippine remontent à la surface, nous enfilons les gilets, nous serrons les fesses et faisons une petite prière. Instant magique, les eaux cristallines font leurs apparitions, que bueno !

Sans vouloir les comparer, nos tours individuels aux Philippines étaient nettement plus sympas. Nous disons cela, car des îles du Rosaire, nous n’aurons qu’un très bref aperçu, de loin, pas d’arrêt sur les plages, rien. A peine aurons nous une heure pour faire un peu de snorkelling avec un guide en charge d’un groupe de 10 personnes, ça n’a pas la même saveur. Les coraux ne sont pas aussi grandioses mais ça reste quand même un bon moment. Pas pour tous visiblement, à peine remonté dans le bateau, un señor offre aux poissons son petit déjeuner, bel élan de générosité ! A présent, direction farniente ! Playa Blanca, tous les tours en ville la vendent, et le business marche bien ! Quand nous débarquons, difficile de trouver un centimètre carré de plage sans un touriste. Si à cela nous ajoutons les vendeurs de cocadas, de ceviche, de coco loco et de salade de fruits nous finissons par nous marcher sur les pieds. Avant d’avoir un peu de temps libre, nous prenons notre almuerzo, Une fois notre poisson fraîchement pêché dégusté, nous ne perdons pas une seule seconde pour nous écarter un peu de la foule.

Après 10 minutes de marche, c’est chose faite, c’est déjà plus respirable. Nous nous installons dans une chaise de plage à l’ombre d’un abri de fortune bricolé par les plagistes improvisés, la plage prend une autre dimension. Nous nous sentons bien, détendus, presque isolés. Entre deux rasades d’agua de coco, nous goûtons aux bienfaits d’un petit bain de mer, nous profitons !

Ce dont nous jouirons bien malgré nous, c’est la parranda dans notre auberge de jeunesse. Pour la première fois dans l’histoire de notre périple, la légende s’est vérifiée : dans les auberges de jeunesse c’est la fiesta ! Avec la chaleur régnant à Carthagène, nous ne rêvions que d’une chose, d’un lit douillet, d’une douche, d’air conditionné et d’un bon dodo. Le soir, en rentrant, le ciel s’abat sur nous, dans le patio un DJ et un bar ont pris place, les enceintes crachent les watts, l’alcool coule à flot. DE-GOU-TES ! Et le pire dans cette histoire c’est que tous les soirs de la semaine, une animation est prévue. Dans l’absolu c’est une bonne idée d’organiser ce genre d’animation, mais ce n’est pas notre délire. Pour ne rien arranger, la ville est privée d’eau jusqu’au lendemain, l’angoisse, nous ne vous racontons pas les odeurs. C’est décidé, nous devons partir. Après quelques démêlés avec les gérants, nous déciderons de rester une nuit supplémentaire avant de retrouver le calme d’un petit hostel « ambiante familiar », el Hostel Casa Baluarte.

Non seulement il est calme, mais en plus il est idéalement situé pour partir à la découverte de la forteresse San Felipe.  Par sa situation, ce fort surplombe Carthagène et ses remparts. Normal nous direz vous pour un bâtiment dont le rôle principal est de protéger la ville des assaillants. Pas bêtes ! En tout cas, nous y sommes. Ce n’est pas Versailles, pas de dorures aux plafonds, pas de tapisseries narrant les exploits du héros local, non, que de l’utile. Ils sont allés à l’essentiel, des réserves de munitions, des couloirs interminables en cas d’invasion, des tours de garde, bref un bâtiment purement et simplement militaire. Nous nous perdons un peu dans le dédale de couloirs, nous faisons le tour des donjons, nous profitons de la vue sur la ville, rien de bien folichon, mais ça vaut quand même le coup d’œil.

Une fois la visite effectuée, nous partirons à la découverte d’une partie de la ville que nous connaissons un peu moins, Getsamani. Si ce quartier est aussi au cœur des remparts, il est moins couru que peut l’être San Diego. Pour faire court, nous dirons que sa réputation est un peu plus sulfureuse. Pourtant, ce quartier est aussi celui des maisons colorées, des bougainvilliers somptueux assaillant les balcons, des plazoletas. Nous sentons que c’est un peu moins touristique, à tort, ce quartier vaut le détour.

Venir en bord de mer sans manger du poisson ou des fruits de mer ça serait comme un sacrilège. Pour n’offenser personne, nous nous mettrons en quête d’un endroit où manger de la langouste, autant faire les choses bien ! Pour trouver du chorizo, du pan de bono, des arepas con queso ou des cevicherias, pas de problème, il y’en a plein les rues, en revanche pour de la langouste c’est une épopée digne de Jules Verne. Un jeu de piste qui nous mènera jusqu’à la table du Nautilus. Une langouste, une cassolette de poisson et des limonada de coco, ça faisait longtemps que nous n’avions pas mis les pieds sous la table pour un repas, ça fait du bien.

Ce qui nous fait également du bien, c’est l’accueil chaleureux des colombiens. Au détour d’une de nos balades sur les remparts, c’est une belle rencontre qui nous attend. Alors que nous refusons à Jonathan l’achat d’un de ses bracelets aux couleurs de Carthagène, la discussion s’engage. Pendant plus d’une heure et demie, nous échangerons avec ce jeune homme très sympathique et intéressant. Nous l’avons remarqué, les colombiens ont le contact facile, la discussion s’engage vite, et leur seul intérêt n’est pas de vendre quelque chose, mais aussi de faire notre connaissance, c’est appréciable.

On nous a pas mal vanté les mérites de Carthagène. Si se balader sur les remparts au moment du coucher de soleil est d’un goût exquis, en revanche ce n’est pas notre ville coup de cœur. Avouons-le, la chaleur étouffante nous a aussi un peu affecté.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.