San Agustin, con mucho gusto

Après les chefs d’œuvres nés de la main de mère Nature dans le Désert de la Tatacoa, les hommes ont voulu lui faire concurrence, avec des œuvres tout à fait uniques.

Il y a de cela quelques milliers d’années, une peuplade indigène vivait dans les parages ; Les Agustiniens (Agustinianos en espagnol). Arrivés et installés dans la région, ils ont disparu sans que l’on ne sache pourquoi avant même que les espagnols n’aient foulé le sol de ce pays qui n’en était pas encore un. En guise d’héritage, cette civilisation précolombienne a laissé derrière elle des sépultures étonnantes. Enfouies sous un monticule de terre, les tombes étaient protégées par de surprenantes statues aux formes et visages étranges.

Pour les voir, plusieurs possibilités : à pied, en jeep ou à cheval. Les trois ?!? Ok, on vous fait un paquet cadeau ?

Commençons en douceur, le parc archéologique. Lorsqu’on y découvre les premières statues, nous restons pantois. Déjà, l’état de conservation pour des bibelots qui datent de plus de 2 000 ans, respect, ce n’est pas du made in China ! Ensuite, les formes, elles sont toutes différentes, c’est dingue quand même. Bon, elles répondent toutes à peu près aux mêmes canons : des jambes courtes, des petits bras, un grand torse et une tête disproportionnée (toute ressemblance avec des personnes existant réellement serait fortuite). Enfin, le top, les têtes. Un mélange d’humain et d’animal, de gentil et de méchant, tout droit sorti de leur imagination fertile, la cam’ devait déjà être bonne à cette époque. Un démon souriant, un aigle au regard perçant qui porte une vipère dans son bec, un homme qui sort un lézard de sa bouche, la visite deviendrait presque hallucinogène. Ces statues nous transcendent. A tel point que nous deviendrons même fans de l’Obispo, heureusement celui là est muet. Le sens esthétique des Agustiniens était vraiment très développé (et leur dealer avait surement un super filon). Pour preuve, dans le lit d’un simple cours d’eau, ils ont été jusqu’à y graver des formes animales afin d’en faire un lieu rituel ; la fontaine de lavapatas, nous sommes scotchés. Le must du parc, c’est quand même « El bosque de las estatuas », incontournable. Dans cette forêt, de nombreuses découvertes archéologiques des environs ont été réunies, une rudement bonne idée ! Le mystique des statues se marie à merveille avec ce décor de forêt tropicale, un chamane débarquerait ici que ça ne surprendrait personne. En revanche, il faut être préparé à affronter une menace permanente : los bichos. Des minis Dracula hyper gourmands qui s’en sont donnés à cœur joie avec nous, rien que d’en parler, ça nous gratte de partout.

Mais le parc n’est pas le seul endroit où trouver des statues, il y en à partout dans la région. D’ailleurs, 40 % de ces richesses archéologiques seraient encore enfouies, c’est dire s’il y a du potentiel. Un peu à l’écart de la ville, d’autres statues sont disséminées, celles-ci sont accessibles à cheval.

Grande première pour Nico, jamais il n’était monté sur un bourricot, pas même un poney à bascule, z’imaginez le truc ! Bon, de votre côté, l’émotion n’est peut être pas aussi forte, passons. Finalement, le baptême se passe tout en douceur, El Rey et Lucio, nos chevaux, étaient loin d’être des novices en la matière. En plus d’atteindre facilement des coins escarpés, ce moyen de locomotion (écologique) nous permet de profiter de l’arrière pays agustinien. Des paysages montagneux et verdoyants, des champs de café, de lulo, de maïs, c’est de toute beauté. A l’image de La Chaquira, poser son regard sur ses creux et ses bosses est un plaisir que tout Homme devrait goûter. Au Tablon, à el Purutal, à La Pelota et bien sûr à La Chaquira, les statues s’associent aux paysages pour former un duo épatant.

Un jour, il faudra quand même nous expliquer comment les chevaliers font pour faire des excursions supérieures à 5 heures, pour nous et nos fesses, c’est le max !

Les coussins moelleux d’un mini bus seront les bienvenus lors de notre dernière excursion : le Jeep Tour.  Si la cabalgata (excursion à cheval) nous a monopolisé pendant 5 heures, là c’est une journée entière ! Avant de se rendre à destination, la camionnette récupère tous les touristes présents à San Agustin, 12, ça pèse pas lourd ! Le schéma ressemble à notre excursion précédente, mais le tour est beaucoup plus grand. El Estrecho pour voir de près le rio Magdalena, Obando pour son musée, Alto de los Idolos & de las Piedras pour les statues, Salto Bordones pour sa cascade (la plus haute de Colombie) et pour finir la journée, Salto Mortino (une autre cascade).

Par leurs formes, le mystère qui les entoure, la puissance de leurs expressions et leur état de conservation, ces statues sont exceptionnelles.

Vous : Et San Agustin dans tout ça ?

Célia & Nico : Nous l’avons dévoré !

San Agustin, ce n’est pas Villa de Leyva.  A San Agustin le fonctionnel, à Villa de Leyva l’esthétique. Surtout que la ville n’est pas l’attraction principale, le meilleur est ailleurs (tout comme la vérité). La ville ne prend pas soin d’elle. Mais, comme une femme sans artifices, nous l’apprécierons pour son coté authentique, ses façades fissurées, ses couleurs un peu passées et pour ses kilos en trop… euh pardon nous nous égarons. Les montagnes alentours, la cordillère des Andes, nous font profiter de leurs reliefs, c’est vraiment trop beau.

En plus de croquer la ville à pleines dents, nous croquons les spécialités colombiennes. Ici, pas de frou frou, ni d’artifice, c’est le style comida corriente, la nourriture de tous les jours. Imaginez vous, c’est un peu comme si un restau français proposait à son menu « coquillettes saucisses », ou « purée mousseline jambon », on est loin du restau étoilé. Nous mangeons au restau ce que les gens mangent chez eux, c’est tipico. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça n’est pas régime ! Le premier soir, nous partageons un bisteck surmonté de poivrons, d’oignons, d’une sauce criolla et d’un œuf sur le plat et aussi une longe de porc recouverte de fromage et de jambon, le tout accompagné de frites. Dans les deux cas, la pièce de viande devait friser les 500 grammes ! Nous n’avons pas converti les calories colombiennes en européennes, sinon nous nous serions pendus à notre pied de lit à l’heure qu’il est ! Après être tombés dans le piège, nous opterons pour le repas unique vers 17 heures, histoire que notre organisme ait le temps de digérer toutes les graisses saturées et autres joyeusetés de leur comida corriente. Oui car une empanada (fourrée à la viande) ou une paneta (fourrée à la viande, au riz et à l’œuf), ou une saucisse (de riz, pomme de terre et viande), ou une arepa au queso ou un tamal (à base de riz, viande et légumes) et bah ça tient au corps et ça met loooooooooooooogntemps à être digéré. A coté de ça, nous avons quand même pu apprécier les délicieux jus de fruits proposés dans les boutiques du village, au moins c’est sain, et on s’en délecte sans arrière pensée.

Enfin, impossible de parler de San Agustin sans parler de notre lieu de séjour ; la posada del Hogar, un petit ilot de bonheur. Audrey et Taieb sont les deux joyeux proprio / GO de la posada, des routards aux parcours atypiques. Jamais une fois dans notre séjour nous ne sommes restés un moment sans discuter une, deux ou trois heures avec eux, de tout et de rien, juste comme ça. Il faut dire que Mr T. est quand même un sacré bavard ! Dans la posada, nous étions les seuls mochilleros / backpackers, à la fin, nous nous y sentions presque comme à la maison, grâce à la buena anda de ces deux là.

Après cet heureux épisode, nous continuons direction Popayan. Nous adorons la Colombie!!!

Une réflexion sur “San Agustin, con mucho gusto

  1. Etonnantes ces statues en effet !
    En tous les cas, merci de faire rêver ceux restés bloqués en France…
    Profitez profitez (disfrutar il me semble !).

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