Le Japon traditionnel épisode I : Kanazawa, samouraïs, geishas et crustacés

En rejoignant le centre de Honshu, c’est le Japon des légendes et traditions que nous allons découvrir, du moins quand la météo nous le permettra.

En mettant les pieds à Kanazawa, nous arrivons dans une ville au passé chargé. Guerres, expansion économique et rayonnement culturel ont jalonné l’histoire de la ville. A une certaine époque, Kanazawa faisait même de l’ombre à Kyoto de par sa richesse et la réputation de ses artistes.

Mais avant toute chose, il nous faut nous installer dans notre logement, traditionnel, un ryokan. « Mais qu’est ce qu’un ryokan ? ». Pour faire simple, un ryokan ressemble à un petit hôtel ou une auberge à la mode japonaise ;  tatamis, cloisons coulissantes, futon et bain chaud font partis du décor. Certains ryokans peuvent être luxueux, mais nous, nous faisons selon nos moyens ! Oubliez donc les sources d’eau chaude naturelle sulfurées aux vertus thérapeutiques et la chambre traditionnelle de 500 m² avec jacuzzi et piscine à vagues dans la salle de bain. Non, pour nous ça sera une chambre avec un petit lit double (adieu lit king size) et un bain japonais d’eau chaude du robinet, mais c’est déjà pas mal !

Kanazawa, à l’image de l’ancienne capitale impériale, a su conserver certains des précieux vestiges de son passé, c’est appréciable de pouvoir se promener dans certains quartiers et ressentir l’ambiance de l’époque.

Premier lieu de notre visite, le quartier de Naga-mashi Buke-Yashiki, zone des anciennes résidences de samouraïs. Dans ce dédale de ruelles étroites encadrées de murs de boue, vivaient donc les samouraïs, la classe guerrière japonaise. Attention, samouraï ce n’est pas Conan le Barbare ! Si au niveau sanguinaire c’est comparable, en revanche coté raffinement nous en sommes très loin. Pour preuve, la maison Nomura, à la fois ancienne maison de samouraï et musée, en est un délicieux exemple. Dans cette maison, aux sols recouverts de tatamis et aux portes coulissantes décorées, nous sommes transportés vers des époques plus reculées, c’est génial. Et que dire du jardin, un bijou d’art paysager miniature ! Avec ses cours d’eau, ses pierres, ses arbres et même ses carpes koï, on reste sans voix devant tant de beauté. Histoire de goûter un peu plus à l’ambiance de l’époque, nous nous offrirons même le luxe d’une cérémonie du thé (en version courte quand même) un des moments préférés des samouraïs. Vue sur le jardin, calme et volupté, elle n’est pas belle la vie ?!? Ce qui est bien dans ce quartier, et dans Kanazawa plus généralement, c’est qu’au-delà des sites majeurs, il y’a plein d’autres petits jardins où bâtiments typiques de cette époque qui sont offerts (littéralement, ils sont gratos) à la visite, du coup en marchant, on redécouvre d’autres petits lieux, c’est très plaisant.

Histoire de donner une tournure encore plus agréable à notre promenade, nous rendons visite au jardin Kenroku-en, considéré de par son ampleur et sa beauté comme étant un des trois jardins les plus célèbres du Japon. Son nom, signifiant littéralement « jardin aux six aspects », lui a été donné car il jouit de l’espace, la quiétude, le travail humain (petite pensée aux jardiniers), la vénérabilité, le cours d’eau et une vue magnifique, tout un programme donc.  Dans ce jardin de 114 437 m², 8750 arbres et 183 espèces de végétaux on atteint des sommets dans l’art des jardins japonais, on ne relève aucune fausse note. Des cerisiers en fleurs en passant par la lanterne aux pieds courbés (Kotoji toro), tout est beau, harmonieux, voluptueux. Déambuler dans les allées d’un jardin japonais, c’est s’assurer à la fois d’un moment de relaxation, mais aussi d’admiration devant la maîtrise de cet art.

Vous ne le savez peut être pas, mais Kanazawa est aussi réputée pour ses délices de la mer. Et il est un lieu, où on en trouve en pagaille c’est le marché Omicho. Quand nous arrivons, un peu par hasard, à ce fameux marché, il est un peu tard pour profiter des étales de poisson. Mais, il recèle d’autres trésors : ses restaurants de sushi.  Ca tombe bien, nous sommes affamés ! Nous voilà donc installés sur les tatamis (oui Môssieur !) d’une petite gargote. Ici, les touristes ne passent pas souvent, pas d’anglais sur le menu, ni chez les serveuses. Nous v’la bien ! Avec les images sur les menus c’est quand même plus simple, la commande est passée. Les tempuras de légumes sont les premières à arriver, croquantes et gouteuses à souhait elles n’auront même pas le temps de refroidir. Ensuite, des makis énooooooooooooormes ! Waouh, des makis de cette taille c’est du jamais vu, pour ne rien gâcher le goût est au rendez vous. Jusque là c’est un sans faute. Pour finir en apothéose, un shirashi ; des sashimis (tranches de poisson crus) sur un lit de riz. Si nous ne reconnaissons pas tous les poissons garnissant cette petite boîte laquée, nous n’avons pas de mal à distinguer les feuilles d’or qui viennent égailler notre plat. C’est beau, bon et fin, bref c’est japonais et nous nous sommes régalés.

Notre ryokan est à classer dans la catégorie « économique », mais il nous offre la possibilité de privatiser le bain japonais pour 30 minutes, ce n’est pas beau ça ! On ne se gène pas pour s’offrir notre séance privée du soir. Après les efforts de la journée, un peu de réconfort. Dans ce bain, nous avons cuit comme des nouilles, c’est chaud-bouillant !  Après ça, nous sommes « al dente » pour aller nous coucher.

Une ville japonaise typique ne serait pas complète sans son quartier des plaisirs. N’est ce pas là une belle façon d’intituler un quartier ? Cette beauté on la retrouve dans le quartier Higashi Chaya, lieu de fêtes et divertissements. Ici, le XXIème siècle n’a presque pas pénétré. Dans cette allée, les chayas, maisons de thés dans lesquelles les geishas divertissaient les convives en exécutant des danses et en jouant avec  des instruments musicaux traditionnels, sont aussi fringantes que lors de leurs plus belles années. Si les boutiques et restaurants n’avaient pas pris le relais des geishas, on jurerait que celles-ci y exercent encore leur art. Dans ce quartier, la chaya Shima est même ouverte à la visite, nous laissant ainsi découvrir le lieu dans lequel les geishas, exerçaient, mais aussi vivaient, on adore.  Avec ces visites, nous entrouvrons la porte sur des mondes qui restent pour nous des légendes,  ça nous cultive certes, mais ça attise aussi notre curiosité, on aimerait en savoir tellement plus ! Un livre sur la culture japonaise viendrait garnir notre futur bibliothèque que ça ne nous étonnerait pas.

Avec tout ça, nous n’avons même pas pris notre petit-déjeuner, nos estomacs se chargent de nous le rappeler ! Décidément le marché Omicho regorge de bons petits restos, des tempuras udon servies au comptoir finiront d’égayer notre séjour à Kanazawa qui, s’il a été court, n’a pas manqué de nous régaler.

6 réflexions sur “Le Japon traditionnel épisode I : Kanazawa, samouraïs, geishas et crustacés

  1. Et bien sûr tu avais pris avec toi ta bibliographie sur les Budo, n’est-il pas? Rien de tel pour garnir ta bibliothèque d’ouvrage sur la culture japonaise, hein! :p

    1. Évidemment que je l’avais avec moi ! En revanche, je n’avais plus de place dans la valise pour ramener les livres achetés sur place, quel malheur !

  2. Waouuuuuu….. J’ai enfin pris le temps de parcourir tout votre parcours….. Le rêve…. Que de belles images…. J’espère que le retour ne sera pas trop dur après tant de beauté… Je vous embrasse et cela…. J’attends le 8 mai pour….

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