Mandalay

Nous voilà en Birmanie. A priori, rien d’anormal, pas de comité d’accueil armé, pas d’espion guettant nos faits et gestes, jusqu’ici, tout va bien. A une exception près, le sosie d’Aung San Suu Kyi portant des chaussettes en laine avec ses chaussures à talons, grosse faute de goût ! Malgré cela, nous n’avons pas tourné le dos, direction Mandalay.

Avant de nous retrouver nez à nez avec le panneau l’annonçant, nos ignorions que notre compagnie aérienne affrétait gracieusement des navettes pour déposer ses clients en centre ville. Dans le bus, un bien intentionné membre de l’équipage propose en plus de s’occuper du taxi nous amenant du terminus à notre hôtel, trop facile ! Sauf qu’il voulait nous transporter, ainsi que nos 40 kg de bagages, sur sa 125 à pédales, sa moto-taxi, ça va pas êt’ possible mon grand ! Avec d’autres touristes, nous nous rabattons sur un taxi, avec un coffre !

 Day 1 : Il fait trop chaud pour Mandalay

La chaleur est torride, les 34°C nous font suer sang et eau. Dans cette fournaise, une idée brillante illumine nos esprits : partir à l’assaut des 1700 marches de Mandalay Hill ! Lieu sacré, pas d’exception, on se déchausse, peu importe la saleté ! La colline a des yeux, ce sont ceux de Bouddha, à mi-parcours, sa statue se dresse, pointant de son index l’emplacement de l’actuel Palais. Passé ce temple, fausses joies et faux espoirs se succèdent, tous les temples ressemblent à celui du sommet, mais aucun ne l’est. Mais, alors que tout espoir nous avait quitté, le sommet, enfin ! Le Palais, l’Irrawaddy, la pollution, les montagnes, pour un premier contact avec Mandalay, c’est nickel ! Dix huit heures, l’apéro nous appelle, pas que nous, les birmans aussi. Notre arrivée au bar est une attraction pour eux. Etaient-ils curieux de voir deux blancs débarquer ? De voir Célia, seule cliente féminine, boire ? Pas de réponse ! En tout cas, ils étaient aux petits soins avec nous, ils nous ont même offert une soupe pour accompagner notre Myanmar, bière nationale of course. Leur anglais limité, voire inexistant, ne facilite pas la discussion, mais ils comprennent que nous tuerions pour un bol de nouilles ! Heureusement, à deux pas de là, un restau en propose, pas les meilleures du monde, mais au moins, ça nous cale pour la soirée.

Day 2 : (Little) easy rider U Bein

Ce n’est pas parce qu’on risque sa vie dès qu’on traverse un croisement qu’il est dangereux de faire du vélo à Mandalay ! En ce dimanche, la couche de nuages ne nous semble pas trop épaisse, idéal pour faire une balade à vélo jusqu’à Amarapura, ancienne capitale royale, située à 13 km de downtown. Pas de palaces splendides ou de châteaux forts d’une époque reculée, le vrai attrait de la ville c’est son pont. Avant d’y parvenir, nous visitons les fabriques de tissus installées dans les maisons, les techniques ne semblent pas avoir évolués depuis Thibaw Min, le dernier roi birman. L’heure du coucher de soleil approchant, nous partons au fameux pont d’U Bein. Et là, paf, ça nous tombe dessus, la pluie ! Dans de telles conditions, difficile d’apprécier cette vénérable construction à sa juste valeur. Plus long pont en tek du monde, C’est un lieu de pèlerinage pour les amoureux, les familles, les moines, les étrangers, tout le monde s’y retrouve pour s’imprégner de la sérénité du lieu. Mais ce soir, les piliers sculptés par le temps, les lattes oscillant sous nos pas, les vendeurs de trucs séchés et les pêcheurs immergés jusqu’au cou sont autant de clichés qui défilent en accéléré. Pour les flâneurs que nous sommes, la frustration est grande de ne pouvoir vraiment en profiter, mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. Le pire, c’est qu’il faut encore rentrer ! Pédaler à fond la caisse dans les flaques d’eau, dépasser les moto-taxis, nous nous sommes amusés comme des gosses, un grand moment.

Day 3 : Mahamuni, le bouddha boursouflé

En Birmanie, ce Bouddha est spécial. Pour preuve de leur dévotion, les fidèles viennent coller sur son corps, sauf la tête, des feuilles d’or. Pendant toutes ces années, la ferveur n’est pas retombée, et c’est toute la statue, qui souffre aujourd’hui d’un syndrome éruptif majeur. Quand on compare aux photos de sa prime jeunesse, on a du mal à le reconnaître. Derrière cette pratique un peu délirante se cache un artisanat qui l’est tout autant, celui des feuilles d’or. Pour les façonner, c’est un travail titanesque, d’un autre âge. Dans les ateliers proches de la pagode, les coups de marteau ininterrompus des forçats raisonnent, ce sont les aplatisseurs de feuilles. Ici, les hommes frappent sans relâche sur ce qui ressemble à de petits albums photos. Mais à l’intérieur, ce ne sont pas les photos des dernières vacances d’été, mais des feuilles d’or. Par ce procédé épuisant, ils étalent les feuilles jusqu’à former un rond d’une certaine taille. Ensuite, c’est au tour des femmes d’intervenir pour découper ces feuilles et les packager, l’or est prêt à être collé. Il y a fort à parier que, comme nous, les marionnettistes de Mandalay Marionnettes n’échangeraient pas leur place avec eux. Dans le confort d’un petit théâtre, la troupe offre un show qui nous renvoi en enfance. Le sens nous échappe un peu, mais la performance artistique est fascinante.

Day 7 : U Bein, on remet ça ?!?

Après un intermède à Kyaukme, retour sur Mandalay. Pas de retard pour le bus de 5h30, à peine plus de 10h du matin nous sommes déjà à Mandalay, la journée entière devant nous. Nous pouvons même nous offrir le luxe d’une longue pause café à Café City. Avec le beau temps qui règne aujourd’hui, nous décidons de retourner au pont, une vieille connaissance. En plus, nous ajoutons Sagaing, autre ancienne capitale royale, à notre programme. Si la ville à quelque peu perdue son lustre d’antan, ses pagodes continuent de briller. Pour en profiter, il faut prendre de la hauteur, 15 minutes de marche pour rejoindre le sommet. Amaaaazing, des centaines de stupas dorées surgissent des collines alentours, une vision surréaliste, soulignée par un beau soleil. Cette fois-ci pas de blague, il faut qu’il reste avec nous ! Sans pluie, l’ambiance sur le pont change, tout le monde continue de flâner, le temps suspend son envol. Le pont d’U Bein, un superbe souvenir.

Après avoir évolué à Singapour et à Bangkok, Mandalay nous semble familière. Comme les autres, c’est une ville asiatique, avec sa circulation chaotique, sa frénésie et sa chaleur étouffante. Mais, Mandalay a quelque chose en plus, les birmans ! Que ce soit à notre guesthouse, dans la rue, les bars ou les restaurants, tous font preuve d’une gentillesse qui réchauffe le cœur. Les sourires s’affichent partout, quelques jours passés ici, nous sommes déjà conquis.

4 réflexions sur “Mandalay

  1. Coucou, nous sommes contents de savoir que vous êtes bien arrivés en Birmanie. On continue de vous suivre, gros bisous mes loulous. Vous nous manquez.

  2. ce qui est genial c’est d’avoir une connexion internet dans un des pays les plus fermés au monde! Merci pour cette transcription d’expérience. Dommage qu’il n’y ait rien sur Kyaukme…

Répondre à Fino89 Annuler la réponse.

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