Trois jours et trois nuits à bord du Transsibérien

L’Histoire du chemin de fer est très riche. Loin d’être une péripétie dans celle-ci, l’épopée du Transsibérien constitue un de ses plus beaux épisodes.

Aux origines du Transsibérien

C’est par la volonté du Tsar Alexandre III que le Transsibérien est sorti de terre. Non seulement pour permettre au pays le développement de sa façade orientale, mais aussi pour prouver au monde entier sa puissance économique et technique en étant capable de se doter du plus grand chemin de fer au monde. Imaginez-vous un peu l’exploit ; relier les deux façades de la Russie, occidentale et orientale, Moscou et Vladivostok. L’image est saisissante, les chiffres le sont tout autant, 9288 km de rails posés, 7 fuseaux horaires traversés, 25 ans de travaux (1891 – 1916) et là aussi des milliers de victimes pour mettre en œuvre la volonté du Tsar.
Si vous vous plaignez de vos conditions de travail, mettez-vous un peu à la place des gars qui ont dû y bosser :
1- froid sibérien, planter des clous par – 30° ça ne doit déjà pas être jojo, alors construire des voies de chemin de fer et des ponts je vous raconte pas !
2- étés caniculaires et humides, à l’époque des moustiques pouvaient vous vider de votre sang d’une seule piqûre, ou alors, si vous êtes chanceux, vous refiler une maladie mortelle.
3- conflits frontaliers, nous sommes encore à une période où les conflits émaillent régulièrement les relations de la Russie avec ses voisins.

Aujourd’hui, l’histoire continue

Depuis notre cabine l’histoire se matérialise et elle est belle. Toutes ces personnes qui s’agitent autour du train et en son sein est unique.
A chaque arrêt en gare, les scènes sont les mêmes. Tandis que les passagers vont se dégourdir les pattes où acheter quelques réserves auprès des babouchkas qui, depuis le quai, guettent le client, les employés eux s’affairent autour du train : remplissage de carburant et d’eau, vidage des soutes (et oui le train transporte aussi des marchandises), brisage des pics de glace sous le train, contrôle des billets des nouveaux entrants. Le processus est bien rôdé, nous n’accusons jamais de retard au départ et pour cause le salaire du chef de train (natchalnik) en dépend.
Au four et au moulin les provodnitsa (hôtesses des trains) sont un peu des super nounous croisées avec des portugaises : elles veillent sur vous, fournissent les draps pour dormir, vendent quelques petites douceurs, passent l’aspirateur, nettoient les chiottes, viennent vous réveiller quand vous êtes arrivés. On ne sympathise quand même pas avec elles (refusant même une photo), mais elles font partie de notre quotidien dans le train.
Et nous pendant ce temps là que devient-on ?!? Bah on profite de notre train mes petits agneaux ! « Justement ce train, parlez nous en ! » me direz vous.
Ok. Pas fous les loulous, pour cette petite escapade, nous avons opté pour le Rossiya, un des meilleurs trains circulant sur les voies du Transsibérien (un typiquement typique avec des wagons aux couleurs du drapeau russe). Pas de Platskart, cette fois ça sera 2ème classe (Koupeyny en russe), ce qui signifie 4 banquettes / couchettes dans une cabine fermée, avec TV LCD et lecteur de musique individuel (pour la TV comme la musique, la programmation, en russe, tourne en boucle).
Vous vous demanderez certainement si le temps ne passe pas trop doucement ? Non. Ce qui passe doucement, c’est le train, environs 70 Km/h de moyenne, ce n’est pas un TGV loin de là, au moins ça permet de profiter du paysage. Et ceux là deviennent de plus en plus beaux à mesure que l’on s’enfonce en Sibérie, surtout avec toute cette neige sur les toits des datchas, dans les forêts de sapin et sur ces plaines à perte de vue. By night, avec la lumière blafarde dégagée par le train, on a l’impression de voyager sur la lune, c’est surréaliste.
A l’intérieur le spectacle vaut tout autant le déplacement. Nous faisons de rencontres aussi diverses et variées que les plats russes. Un jeune homme qui dort à notre arrivée, une jeune russe BCBG, un homme d’affaires pour une nuit, personne pendant une journée, puis Youra et enfin un ours (qui commençait son hibernation).
Youra, c’est notre coup de cœur, un militaire russe de 32 ans, qui ne parle pas un mot d’anglais (il va sans dire que nous ne parlons pas un mot de russe), qui ne nous connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, mais qui sera d’une extrême gentillesse et générosité. Malgré la barrière de la langue, nous arriverons à « parler » un peu avec lui (merci les dessins), nous montrer nos photos de famille et il partagera toute sa nourriture (il avait une corne d’abondance planquée sous sa couchette) avec nous. On nous avait promis des rustres avant notre arrivée en Russie, finalement nous tombons sur des gens généreux et très sympathiques (surtout chez les mecs).
C’est sur une chaleureuse poignée de mains avec Youra que nous terminons notre premier épisode sur les voies du Transsib’.

10 réflexions sur “Trois jours et trois nuits à bord du Transsibérien

      1. Merci Nico pour les félicitations, mais je n’ai pas fait grand chose si ce n’est il y a une trentaine d’année.

        Je découvre votre super blog avec des photos plus magnifiques les unes que les autres. Et bravo pour les commentaires dignes de journalistes globe trotter. Je me régale !

        Continuez à nous émerveiller et à nous faire rêver.

    1. Merci merci, dans ce voyage l’inspiration vient toute seule, c’est presque trop facile.
      Je n’oublierais pas de te dédicacer mon prochain livre…

  1. Comment se passe la suite du voyage. Etes vous proches de la frontière? je quitte Moscou le 2 Février pour 2 semaines …
    Bon courage à tous les 2 Biz jpmo

    1. Bonjour Jean-Pierre, la suite du voyage se déroule très bien, nous sommes actuellement à Irkoutsk (- 36°c soit dit en passant). Nous revenons du Baïkal, c’était superbe. Biz

  2. Merci pour cette petite lesson d’histoire qu’on ne connait que trop peu. Vous avez dû en profiter pour faire un peu de repos, et normalement, en 3 jours, vous auriez dû devenir bilingue!
    Pour nous en France, c’est une vague de froid venant de Russie qui nous apporte des températures négatives! Donc on comprend (un peu) maintenant vos conditions. Le froid conserve, profitez en.

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