Rotten…rua

Notre arrivée à Rotorua débute comme une histoire potache, en dessous de la ceinture. Aux portes de la ville, tout en ouvrant sa fenêtre, Célia lance à Nico un « C’est toi ? » lourd de sens. Nico n’est pas Nadine de Rotschild, mais il sait tout de même se tenir ! En réalité, ce n’est ni Nico, ni Célia, mais l’accueil réservé par Rotorua à ses nouveaux visiteurs, ambiance !

Ambiance thermale, odeur de vandale

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette odeur d’œuf pourri fait sa réputation, en bien comme en mal. Les entrailles bouillantes de la terre produisent une eau naturellement chaude qui jaillit un peu partout dans la ville, favorisant la prolifération des spas. Cela s’accompagne de vapeurs soufrées qui enveloppent Rotorua de cette odeur si nauséabonde. Par moment, on croirait que son voisin de dortoir, rentré d’une soirée trop arrosée, a régurgité son dernier repas. Avertissements et mises en garde auraient dû nous décourager. Ce n’est pas bien nous connaître, un endroit comme ici, nous voulons le découvrir, même si ça pue. Nous faisons à nouveau marcher le programme  « ménage contre logement », et pour la première fois dans une auberge du réseau YHA, pas la plus sexy que nous ayons connu.

Technique de ménage révolutionnaire

En revanche, elle est à la pointe de l’innovation ménagistique. Isa et Johanna, deux sympathiques et drôles provinciales françaises, officient en tant que formatrices. Dans la main droite un chiffon microfibre, dans l’autre rien du tout, surtout pas de produit ménager ! Révolutionnaire, non ? Le bâtiment dans lequel nous menons l’expérience compte deux étages. Entre les sanitaires du haut (le laboratoire expérimental, plein de germes) et ceux du bas (nettoyés selon la méthode portugaise traditionnelle), la différence est…odorante ! Ceux du haut, y’en a qu’on essayé, z’on eu des problèmes !

Rotovegas

Si voir un maori danser avec une plume (de kiwi) dans le c.. en poussant le haka vous attire, c’est ici qu’il faut venir. Parcs d’attractions, spectacles maoris, spa luxueux, vols en hélico ou hydravion, dîner sur un bateau, kayaks, tout est fait pour attirer le badaud. Pas trop attiré par tout cela, nous nous rabattrons sur les activités offertes (au sens propre du terme). Nous arpentons les rues de la ville pour en avoir un aperçu. Le centre est sans intérêt, mais en périphérie on découvre Ohinemutu, cœur historique de la ville. Colonnes sculptées, tiki langues tirées, motifs maoris, même l’église anglicane portent la signature maorie ! La vue sur le lac Rotorua et l’île Mokoia, le calme, l’authenticité, on aurait presque envie de s’y installer. Euh, en fait non. Le linge séchant grâce aux vapeurs d’œufs pourris émanant de trous fumants un peu partout autour des maisons, très peu pour nous.

Loin des yeux, loin des odeurs

La région du Plateau central est percée de nombreux lacs et cours d’eau. Au Nord de Rotorua coule la Kaituna river un spot de rafting réputé pour le passage de l’Okere falls. Une agréable promenade longe cette impétueuse rivière, on peut notamment assister au passage des rafteurs dans la fameuse chute, d’une hauteur de 7 mètres, pas pour les poules mouillées. A l’Est, par temps clair, on peut s’aventurer à pieds autour des Blue et Green Lake, deux lacs jumeaux. Pour nous, l’aventure sera de courte durée, la pluie, que dis-je, les trombes d’eau interrompent subitement notre balade. A ce déluge, nous préférerons l’excentrique cocon du Fat Dog, un café coloré de la ville.

Rotorua, c’est meilleur que cela ne sent

Jusqu’ici, le tableau n’est pas très alléchant. Deux trois endroits méritent quand même le détour. Au premier rang, le Thursday night market, un marché où l’on y mange plus que l’on y fait ses courses. Falafels, nouilles chinoises, dumplings et autres mussels fritters s’apprécient dans une ambiance détendue animée par de jeunes chanteurs-musiciens du coin. Un peu plus loin, Mamaku blue, spécialiste des myrtilles, sert muffin et pie pour un petit quatre heures sans prétention. Sur le chemin du retour, il est de bon ton d’éliminer ces douceurs sucrées lors d’une promenade au cœur de Redwoods, la forêt de séquoias toute proche. Entourés de ces géants rouges, l’atmosphère paisible appelle à la détente. Enfin, il y a le Pig’n’whistle, un ancien commissariat de Police réaffecté (quoique) en pub, on y sert même une bière brassée par leurs soins. Et si jamais on refuse de vous servir parce que vous paraissez trop jeunes (si si, Nico aussi, malgré sa calvitie à peine naissante) et n’avez pas vos papiers, Brew acceptera bien de vous servir une Croucher, une autre bière brassée localement.

Geyser à laver

Pour notre day-off, pas de grass’ mat’, mais Wai-o-Tapu. OK, ça ne vous parle pas. Dans ce concentré de curiosités géologiques, Lady Knox se réveille, à 10h15 pétantes. Enfin, « on » la réveille. Devant des gradins combles, un gentil bonhomme plonge sa « solution savonneuse » pour  lancer le show. Passons les détails techniques, cette lessive fait entrer le geyser dans une colère noire (et mousseuse au début), provoquant un crachat furieux et ininterrompu (plus de 30 minutes sans respirer) de gerbes d’eau à une hauteur d’au moins 10 mètres. Geysir l’islandais rigolerait bien, lui qui n’a besoin de rien ni personne pour faire le spectacle. Mais Wai-o-tapu ce sont aussi  des piscines fumantes, des dépôts calcaires, des trous béants ou des mares glougloutantes, de quoi s’occuper toute une matinée. La proximité de Kérosène Creek est un argument supplémentaire pour se rendre par ici. Cette rivière naturellement chaude se faufilant dans les bois pourrait être un morceau de paradis. Malheureusement, la température n’est « que » de 32 °c, pas assez pour nous, on se refroidirait presque.

Bécassine, c’est ma cousine

Organiser une réunion de famille à l’autre bout du monde, c’est un risque. Effectivement, seule Sandra a répondu à l’appel. Avec Nico, ils sont les seuls Perret à avoir fait le déplacement. Nath et Célia, les pièces rapportées, profitent de l’évènement. Elles viennent du Nord, nous du Sud, nous nous refilons nos bons plans, partageons nos impressions, moment sympa du séjour, souvenir impérissable.

Cette dernière note familiale conclue notre séjour. Sur la route de Coromandel, à peine à la sortie de la ville, nous trouvons même le temps de changer notre pare brise fissuré, si ce n’est pas de l’organisation !

Une réflexion sur “Rotten…rua

  1. Coucou, c’est super d’avoir vu Sandra et Nath au bout du monde ! 32 degrés pas assez pour vous, lol. Bisous

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