Et vive la Reine !

Samedi matin, nous ne pouvons plus reculer, au bout de la traversée, l’adversité. Nous sommes dans le bateau depuis maintenant une demi heure, il nous en reste encore autant avant de rallier Ship cove, point de départ de la Queen Charlotte Track, randonnée de 3 jours et 2 nuits.

Soixante et onze kilomètres, à pieds, quelle mouche nous a piqué ? Un Pont de Poitte-Marboz, à pattes, insensé ! Surtout notre record n’est que de 55 kilomètres sur trois jours, il faudra en parcourir 16 de plus. Rien que d’y penser, les crampes nous viennent aux mollets. Maintenant que le bateau nous a déposé, la seule façon de rentrer au bercail, c’est de parcourir ces satanés kilomètres. Lance, si jamais il te reste un thermos…

Le point positif, c’est qu’Endeavour Express, la compagnie qui fait le water taxi, transporte notre paquetage jusqu’aux campings où nous passerons les nuits. Autant l’avouer,  la mule est chargée, nous ne manquerons de rien ! Si en plus le ciel pouvait être clément avec nous !

Cette randonnée se déroule dans les sounds du Malborough, le Queen Charlotte Sound pour être précis. Qu’est ce qu’un sound ? Les plus maoris d’entre vous nous répondront qu’il s’agit de la proue du Te Waka o Aoraki ! Ok, mais encore ? Leçon de géologie pour les nullos : un sound est un vaste réseau de vallées immergées créées par la combinaison de l’affaissement des terres et de l’élévation du niveau de la mer.

Au delà de toutes considérations géophysiques, ces montagnes verdoyantes se jetant dans la mer, sont magnifiques. Au surplus, l’eau est tellement belle qu’on meurt d’envie de s’y jeter. Chat échaudé craint l’eau froide ! Et ici elle est gelée, impropre à la baignade, nous n’y trempons même pas les orteils.

Des montagnes verdoyantes, une mer bleue azur, des plages de sable fin, voila ce qui nous aura servit de décor pendant ces 3 jours de marche. A flanc de montagne, ou proche de la rive, nous avons serpenté sans  jamais nous éloigner de la baie. De plus, la forêt n’est pas oppressante, nous permet de toujours avoir un œil sur les sounds alentours, sur la mer. Le dénivelé du parcours n’est pas la plus grande difficulté, les sommets que nous franchissons  culminent à peine à 400 mètres, de la rigolade pour nous !

Le côté un peu sauvage de ces sounds nous ferait  presque croire que nous les découvrons, que personne ne les a foulés . Evidemment, c’est absolument faux. Les sounds ne sont pas classés « parc national », résultat, il y a de la vie, restaurants, bars et même des resorts. C’est tant mieux pour nous, comme ça à la fin de notre première journée de marche, nous pouvons nous sustenter d’une bonne bière fraîche plutôt que d’assister au cours de yoga dispensé par le gardien du camping.

Cette bière est notre seul confort, nous avons opté pour l’option « à la dure », tente et sac de couchage. Notre tente n’est toujours pas un modèle de confort, mais après une bonne journée de marche, le sommeil vient tout seul. Cette nuit là, à camp bay campsite, la météo est avec nous, un petit vent souffle mais pas de pluie. D’ailleurs, pendant deux jours, la météo se maintient à peu près, la couche de nuages ne nous empêche pas de profiter de la vue sur les sounds, les petites criques, la végétation, la beauté du paysage. Mais à la veille du troisième jour, ça se gâte.

En arrivant à Portage Bay, nous étanchons notre soif de houblon dans le bar d’un resort. Après ça, camping, plus rustique encore que la veille. Ici, pas de cuisine abritée, tout se fera à l’air libre, près de la tente. Pas de bol, la pluie s’en mêle. L’endroit est à l’abri, pas suffisamment cependant pour empêcher quelques gouttes de tomber dans notre bol de nouilles chinoises. Quand nous entrons sous la tente, une seule angoisse, pourvu que ça tienne. Vaut mieux dormir que de se poser des questions, alors nous dormons…La nuit, la pluie n’a pas vraiment cessé, notre tente atteint ses limites d’imperméabilité. A l’intérieur, ça commence même à ruisseler par endroit, il est temps de mettre les voiles.

Pour ce dernier jour, c’est couvert, venté, parfois même pluvieux. La brume a recouvert les sounds, au moins nous pourrons dire que nous les avons vus sous différents angles. A force de souffler, le vent à finit par chasser une partie des nuages et la pluie, nous terminons la randonnée dans de meilleurs conditions.

Au moment de franchir l’arrivée, nous nous penchons sur nos temps au tour, 27 kms en 7h le premier jour, 24 kms en 6h45 le second, 21 kms en 6h pour le dernier jour, bien sûr en incluant toutes les pauses (photos, lunch, pipi). Ni corticoîdes, ni testostérone, et pourtant nous avons tenu le rythme des fast walkers sur ces trois jours. Nous sommes même surpris de constater que nous ne sommes pas si fatigués que ça.

Mais il ne faut pas crier victoire, souvent les courbatures viennent deux ou trois jours après, en traître, quand on ne s’y attend plus. Alors nous nous sommes bien étirés avant de rentrer. Ce lundi 14 janvier, nous rentrons sur Picton. L’année dernière, à la même date, nous arrivions à Saint-Pétersbourg, pour l’occasion nous nous offrons un petit restaurant.

Une réflexion sur “Et vive la Reine !

  1. Mdr le cours de yoga organisé par le gardien de parking (plié)!
    Congratulations pour la rando de 71 km ça a du être éprouvant,moi au bout de 6km j’aurais rejoins les otaries pour un concert des Beegees en plein air.Contrairement à nos amis de koh-lanta qui bronzent toute la journée, vous êtes de vrais aventuriers.

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