Le Journal de Viviane G., l’hiver en été

Mardi 1er janvier, 2013, l’année de Thérèse

Premier petit déjeuner de l’année en terrasse, 2013 commence bien. Nous profitons du soleil, à tel point que la matinée s’achève presque quand nous mettons les voiles pour Arthur’s Pass. Au Yelloo Shack Café, à Springfield, nous faisons notre traditionnelle pause. En face de nous, un donut géant trône, qu’est-ce ? Les Simpsons ?!? Connaîs pas !Comme dans la série, la ville star s’appelle Springfield, ce donut, offert par les producteurs, symbolise ce lien.

Quelques kilomètres plus loin, les pentes débutent, l’angoisse avec elles. Dès les premiers lacets, un silence de mort s’installe, trois paires d’yeux braquées sur la jauge, faut que ça tienne ! Porter’s Pass culmine à 945 mètres, à 30km/h, l’ascension est interminable ! La surchauffe était imminente, heureusement, la descente apporte une bouffée d’air frais salvatrice.

L’intermède au Castle Hill nous permet à tous de nous détendre. Ces immenses bibelots rocheux ornent les collines comme des matriochkas sur un buffet. En comparaison Elephant Rocks c’était de la nioniotte ! Et même si ces terribles nuages gris n’annoncent rien de bon, le panache de couleurs qu’ils offrent est fabuleux et souligne plus encore l’immensité de cet ensemble.

Avec les nuages, de bien mauvais augures arrivent. Même pas le temps d’arriver à Arthur’s Pass Village que le ciel se déchaîne. Une pluie qui bat, fouette le visage, gifle les vitres, ça tombe drue. Heureusement, le cottage où nous résidons, que nous partageons avec six autres personnes, est chaleureux, calme, sec !

Avec ce temps de cochon, la seule option est de rester au coin du feu, en attendant le repas du soir. Mes loulous se collent au fourneau. Pour le barbecue on peut faire une croix dessus, c’est à la poêle qu’ils cuisent la viande. L’agneau c’est bon, mais ça pue. Nos colocataires se font la malle, je les comprends. Sans penser à la pluie qui s’abat, nous profitons de l’instant présent, fêtons 2013.

Mercredi 2 janvier, 2013, rien

Il faut le voir pour le croire, il pleut encore plus qu’hier ! Petite vitesse aujourd’hui, on s’installe au coin du feu, on lit, on boit du thé, on regarde des photos, on traîne. Tous les coloc’ ont mit les voiles, sauf un. Pas grave, il hiberne dans sa chambre, le cottage est à nous.

Nous décidons quand même de mettre le nez dehors, pour le traditionnel kawa. Rester sec pour aller au zinc du coin : mission impossible. L’intervention des pompiers est même nécessaire pour éviter que le village ne se transforme en piscine olympique.

Quand les odeurs de nourriture embaument le café, les pancakes maisons du matin sont insuffisants pour tenir notre estomac silencieux. Nous mettons les voiles pour le dîner. Là encore, doigts de pieds en éventail, mieux qu’un bed and breakfast ! Ce soir, pizza maison accompagnée d’un cidre à la poire, beau programme. Si je devais classer cette pizza dans le tasting de Nico, elle figurerait à une très honorable place, je me suis régalée.

Jeudi 3 janvier, le soleil fait sa réapparition

Malgré tout ce qui est tombé, le soleil ne s’est pas noyé. L’occasion fait le larron, nous modifions notre programme pour aller randonner.

Ah oui, sur le parking du DOC, j’ai vu deux Kea (perroquet alpin), abandonnant voiture et valises pour tenter de les photographier, sans succès. En revenant, une mamie kiwi nous conseille de ne jamais laissé la voiture non verrouillée, oups !

Nous ne traînons pas plus, partons à l’attaque de la Bealey Spur track, randonnée de 3-4 heures, une première. Pendant deux bonnes heures, nous montons, étonnamment le terrain n’est pas trop boueux, je m’en tire pas mal pour une débutante. La vue panoramique sur les montagnes alentours vaut bien ces efforts. De la neige aux cimes, des rivières gonflées de la pluie de la veille, la vallée, superbe panorama. Je comprends mieux pourquoi Célia et Nico adorent s’évader sur ces hauteurs, la vue y est magnifique. En revanche, les toilettes là haut, c’est…beurk.

La descente, je maîtrise moins bien, mais j’arrive à la voiture, sans chuter ! Après ça, à la douche ! Dans mes rêves oui ! La route nous attend, une pentue en plus. Nous nous sommes un peu monté le bourrichon, la voiture ne bronche même pas, ça grimpe beaucoup moins.

Comme nous empruntons le même chemin qu’à l’aller, la halte à Springfield est inévitable. Cette fois-ci, pas de café, un petit snack. Nico ne peut passer à coté de la spécialité locale ; le Homer’s donut. Célia fera mine de résister, jusqu’à succomber, seule moi résisterait…mais pas au gâteau noix / chocolat. Ils mangent comme des cochons, se mettent de la crème, du chocolat et de la confiture à la framboise partout autour de la bouche, c’est à se demander s’ils n’ont pas été élevés par Rahan.

Nous filons au plus vite vers Sheffield, la suite de notre repas nous y attend. Les plus fameuses pies de NZ y sont produites. Il est 17h20 quand nous arrivons à la boutique. Coup de bol, elle est encore ouverte, la fermeture est censée être à 17H. Forcément, le choix est plus restreint. Nous trouvons quand même notre bonheur, une pie format familial.

La route pour Kaikoura est belle, offre un condensé du pays. Des fermes, des élevages, des montagnes, des vignobles, de la mer, on voit de tout, c’est agréable.

Ce soir encore, nous mangeons à l’heure espagnole, nous attaquons l’apéro à l’heure où tout le monde se couche. Ce n’est pas bon pour la digestion, mais au moins nous sommes tranquilles pour déguster notre mince and cheese pie. Cette tourte est fourrée d’une sorte de ragout avec une fine couche de fromage juste en dessous de la croûte, un délice, parfait pour conclure cette journée bien remplie.

Vendredi 4 janvier, visitons Kaikoura

Le nom de la ville signifie « repas de langouste », pas besoin de se creuser pour le dîner. Mais avant de penser à manger, nous partons pour une bonne promenade sur la péninsule. Quatre heures de marche qui nous mènent du centre ville, au long des côtes, en passant par une colonie d’otaries. La mer bleu turquoise ne cesse de nous accompagner, c’est somptueux. En plein mois de janvier, short t-shirt, en bord de mer, le bonheur.

L’heure du dîner approche, resto où pas ? Seafood BBQ s’avère être le meilleur ratio prix/prise de tête. Avant d’y aller, apéro en terrasse. Notre blanc du Marlborough s’accorde à merveille avec nos sushis. Pour la suite, direction le BBQ. Dans une caravane, les produits de la mer sont cuisinés à la mode locale, une institution dont le succès ne se dément pas. Dans la glacière attenante, les bestiaux s’exposent, nous choisissons notre victime. Au moment de passer à la caisse, nous prenons quelques accompagnements, coquilles saint jacques à l’ail et paua pattie (omelette à l’ormeau). Le cuistot nous annonce 40 minutes d’attente, heureusement que nous avons pris l’apéro. Il ne nous reste qu’à trouver une table et attendre.

Le gars s’est sous-estimé, 20 minutes lui auront suffit pour nous servir notre plat. Quand il arrive, nous nous jetons comme des morts de faim dessus. Ca n’a pas que l’air bon, ça l’est !

 Samedi 5 janvier, Moby Dick es-tu là ?

Kaikoura et l’observation des baleines, c’est comme cul et chemise, inséparables. L’activité est ultra touristique, mais nous ne pouvons passer à côté. Whale watch détient le monopole de l’observation des cétacés. Bien rôdé, l’attente dans la boutique, le transfert vers South bay, l’embarquement, ça ne traîne pas. Une fois à bord, nous fendons la bise pour rejoindre le lieu d’observation. L’homme qui parlait à l’oreille des baleines. Tel pourrait être le surnom du capitaine ! Il plonge une espèce de trompette dans l’eau, casque vissé sur les oreilles, il nous dit ensuite si c’est une baleine bleue ou un poisson rouge. Nous aurons quand même la chance de distinguer le dos d’une baleine bleue, ainsi qu’un cachalot.

Nous nous attendions à un show plus spectaculaire, une baleine nous faisant coucou de sa nageoire latérale, où alors un cachalot sautant hors de l’eau, rien de tout ça. En fait, l’animal n’est visible qu’au moment où il reprend sa respiration, après 45 minutes d’apnée. Le cachalot que nous avions sous les yeux est resté là, placide, inspirant, éjectant l’air, pas hyper funky, impressionnant quand même. Après 10 minutes à le voir faire sa gym, on attend une seule chose : qu’il plonge ! Quand ça arrive, photo carte postale, la nageoire caudale qui s’enfonce, clic-clac, c’est dans la boîte.

Les plus spectaculaires ce sont les dauphins. Quand le bateau croise un banc de dauphins excités, c’est le cirque, saltos, vrilles, pirouettes, ils s’éclatent, trop marrant. Malgré tout, je suis bien contente de retrouver le plancher des vaches.

Après la pause machine à laver et un petit café, nous partons nous préparer pour ce soir. J’invite mes deux loustiques au Maxtons, restaurant chic de la ville. L’ambiance particulièrement cosy accompagne à merveille la cuisine qui y est servie. De l’entrée au dessert, nous nous sommes régalés.

Dimanche 6 janvier, Christchurch, une ville qui bouge

Les vacances, le bon temps, les bons coups, il ne me reste plus beaucoup de temps pour en profiter.

Sur la route pour Christchurch, nous faisons une pause chez Mud House, grand producteur de vin. La vue depuis le café est sensationnelle, mais nous décidons d’être raisonnables, no flat white. Par contre, y prendre une bouteille, pourquoi pas ?! Surtout que l’achat permet de déguster deux autres vins à l’œil. Drôle de façon de vendre, mais ici c’est comme ça. Entre Le Gewurtz et le Pinot Noir, pas une seconde d’hésitation, j’emporte l’alsacien pour la soirée.

Le vin c’est fait, le plat, c’est prévu, ne manque que le dessert. Quelques kilomètres plus loin, des panneaux en bord de route affichent « cherries » et « apricots », parfait ! Mes charmants hôtes se souviennent y avoir postulé avant mon arrivée, ils redemandent, mais ils sont au complet. Nous en profitons quand même pour cueillir et acheter quelques abricots, notre dessert.

Tant que le temps est clément, que dis-je, généreux en soleil, nous en profitons pour visiter Christchurch, du moins ce qu’il en reste.

Nous commençons par le jardin botanique, très peu touché. Seuls les bâtiments érigés de la main de l’homme ont souffert, pour la plupart ils sont fermés, où déplacés La balade est charmante, agréable, reposante après ce trajet en voiture. En plus, il s’y trouve un parterre de dahlias étourdissant de couleurs.

La route du retour à notre camping m’offre un aperçu des dégâts causés par ce dramatique tremblement de terre, c’est terrible. Avant ce choc, cette ville devait avoir du charme.

Au camping, il n’est pas question de tente. Ils ont réservé une petite cabine pour trois, toutes les commodités s’y trouvent, parfait pour passer une soirée au calme. Pendant que je tartine des crackers avec cette sorte de bleu dont ils raffolent, Nico et Célia s’occupent du repas du soir, savoury scones, des scones salés, en l’occurrence aux légumes.

Le résultat est merveilleux, énormes, bons et beaux. Le Gewurtz accompagne parfaitement ce dîner, il n’en reste plus une goutte.

Lundi 7 janvier, des indiens dans la ville

Pour s’orienter ici, pas facile, un coup c’est sens interdit, un coup c’est une voie sans issue, un coup c’est un chantier, bref, a pieds où en voiture, nous nous sommes pas mal égarés.

Ces détours nous permettront de constater l’ampleur des dégâts, immense ! Les anciens bâtiments ne sont pas seuls à avoir morflé, les nouveaux n’ont pas meilleure allure. Dans le centre, c’est un malheureux mélange de vieux bâtiments en ruines et de nouveaux buildings en cours de destruction. Les pelleteuses ramassent les gravas, les ouvriers s’affairent au démantèlement des immeubles, c’est surréaliste, triste.

Malgré cette plaie encore bien ouverte, la ville tente de retrouver un nouveau souffle, de se donner un nouveau départ. C’est là le sens et la symbolique du re-start center. A deux pas des ruines, cafés restaurants et boutiques ont pris place dans des containers, plutôt inhabituels, C’est très design, colorés, un brin branché, c’est le nouveau cœur commerçant de la ville, vivant et animé, malgré tout.

Bien évidemment, nous passerons les boutiques au peigne fin pour trouver les souvenirs et cadeaux qui vont bien. Après ces efforts, l’occasion d’un flat white en terrasse avec ce soleil presque brûlant est immanquable.

La journée passe vite, l’heure de se préparer approche. Pour notre dernière soirée, les loulous m’offrent le restau. Le birman fermé, nous nous rabattons sur Coriander’s, un indien. Autour de mets bien épicés, nous nous remémorons nos deux semaines passées ensemble, c’est déjà la fin, snif.

Mardi 8 janvier, pas le temps de traîner

Je n’ai pas envie de les quitter, mais pourtant il le faut. L’émotion nous envahit, l’heure du départ est arrivée, trop vite à mon goût, les vacances sont finies, j’ai adoré chaque moment passé ici (sauf peut être la pluie au Mt Cook), je m’envole pour Auckland où je ferais un rapide tour de la ville, avant de définitivement quitter la Nouvelle-Zélande, m’éloigner de mes loulous.

3 réflexions sur “Le Journal de Viviane G., l’hiver en été

  1. Bonsoir, je suis une amie de Nicole, je m’appelle Monique et je vous félicite pour ce très beau site
    et cette belle expérience.
    Nicole vous a envoyé une longue lettre et elle vous embrasse bien fort et elle me dit les « globe trotters »
    Encore Bravo, profitez de tous ces bons moments.

    1. Merci Monique pour ces compliments, nous nous donnons du mal pour tenir à jour ce site ! Célia a bien reçu la bafouille de sa mamie, elle en est ravie !

  2. Eh oui, même si le style de Nicolas est différent du mien, il a bien traduit ce que j’ai vécu pendant ces quinze jours avec mes loulous. J’ai retrouvé la grisaille parisienne. Oublié le rythme zen et aujourd’hui dimanche une pensée tout particulière pour Nico, qui compte 1 an de plus au compteur ! Je me suis réveillée avec 10 cm de neige : il fait froid. Relire mon journal et revoir les photos me réchauffent. Pour les vin, c’était sans doute la magie de la Nouvelle Zélande, des paysages et le partage des merveilleux moments avec mes loulous, mais je ne suis pas aussi sévère : j’ai apprécié le fruité notamment du Sauvignon. J’attends à nouveau les articles et les photos et poursuis ainsi mon voyage en pensée.

    Bisous.

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