Amour, gloire et woofing

Ces derniers jours, la météo s’acharne sur nous, les caprices du ciel nous empêchent d’aller crapahuter dans les fjords. La neige, les risques d’avalanches, s’en est trop, ils ont tout fermé ! Mais ce n’est pas perdu pour tout le monde. Craig, notre hôte, va nous voir débarquer dès ce mardi 11 septembre, presqu’une semaine avant la date prévue.

Nous avons ciblé le Last Light Lodge (que l’on prononce aussi vite que possible Lastlightlotche), un café-restaurant, camping, auberge (tout ça en même temps) situé à Tuatapere, une ville d’à peine 500 habitants, au Sud de l’Île du Sud, en résumé, un peu paumée au milieu de nulle part. C’était presqu’une évidence que nous serions seuls avec le proprio, obligés de parler anglais, sans aucun woofers, et encore moins des qui viennent de chez nous. Et patatra, des français ! What a curse ! Plusieurs mois de voyage à travers le monde nous aurons appris une chose, des français, il y’en a partout.

Entre les français (Violaine, Jérémy et nous 2) ainsi que les chinois (Jessie et les 4 accidentés de la route), les néo-zélandais Craig et sa fille Sophie, sont en minorité !

Ce mardi soir, nous prenons nos marques, nous faisons connaissance avec tout le monde, et essayons de parler anglais. Pas évident avec tous ces français, notre langue natale reprend vite le dessus. En un rien de temps, nous apprenons pas mal de chose sur cette petite troupe ; Violaine partage la vie de Craig depuis maintenant un an, Jessie et Jérémie sont en couple, Sophie est une adolescente turbulente, et toute cette joyeuse bande vit ensemble depuis maintenant 2 mois presqu’en permanence. Le décor est planté, Craig étale ses talents à travers un premier repas aux saveurs asiatiques, notre mission va pouvoir débuter, dès le lendemain.

Craig nous a concocté un menu spécial : ponçage, peinture, ménage et manutention en tout genre, copieux pour un début ! Actuellement, le resto n’est ouvert que pour les cafés en take away, la cuisine n’est qu’un gigantesque chantier, la salle à manger un vaste capharnaüm, deux paires de mains supplémentaires sont donc les bienvenues. Jérémy, un frenchy très sympa, un peu bon samaritain, nous accompagne dans nos premiers pas. Il connaît la maison par cœur, quant il s’agit de faire le tour du propriétaire, c’est all-in, tous les travaux faits où à faire, la fréquentation touristique, les projets, les plats, les petits trucs, il sait tout sur tout.

Et mieux encore, il sait décrypter l’accent néo-zélandais, une véritable prouesse ! Prenez une grosse poignée d’accent écossais que vous saupoudrez d’une bonne dose de vocabulaire technique (en rapport avec les travaux dans la cuisine) et vous obtiendrez deux français bouches bée articulant un timide « Can you repeat please ? », un cauchemar ! Pour vous faire douter de votre capacité de compréhension en anglais, rien de tel qu’un néo-zélandais pur bush (la cambrousse néo-zélandaise) ! Sans nos frenchies, nous aurions certainement fini par comprendre, mais au prix d’un sacré mal de tête.

Malgré la masse de travaux qui nous attend, nous ne sommes pas mecontents de notre choix. Bien sûr, nous aurions préféré aider en cuisine, faire le service, faire tourner la boutique en somme. Une chose est sûre, notre logement est tip-top, chambre double avec son petit salon séparé, c’est notre chez nous des antipodes.

Dans le Helpexchange, comme dans le woofing, le principe est le même, travailler 4 à 5 heures pour gagner sa pitance et son logement. Pour Craig, le woofing n’est pas uniquement une manière d’exploiter les voyageurs sans le sou, c’est aussi une possibilité de rencontrer des gens et d’échanger. Et Craig aime bien les échanges, plus encore avec les woofeuses…

Pour faire court, Craig a eu une « affair » avec Jessie, alors que Violaine était en vacances en France…Badaboum, ce mercredi 12, il se met dans de beaux draps ! Et dire que la Bible est dans toutes les chambres, pas sûr que la haut on autorise ces pratiques…Evidemment, Violaine part. Jessie en fera de même un peu plus tard. Et voila notre Don Juan qui se retrouve seul pour faire tourner sa boutique, sans ses deux plus proches collaboratrices (sans allusion aucune), nice shot ! Si l’affaire ne se déroule pas dans un Sofitel à New York, elle ne manque pas de piquant pour autant.

Notre quotidien à nous n’en sera pas pour autant chamboulé, finalement comme dirait l’autre ; « cela ne nous regarde pas ! ». Justement, notre quotidien, venons-y !

Vivez notre vie de Woofer ! En fonction de vos goûts, vous choisirez Nico ou Célia.

Pour Nico (tapez 1), son quotidien est orienté peinture, il ponce, il undercoat, il first coat et il second coat, passionnant. Mais il a aussi son petit plaisir champêtre ! Après son petit déjeuner (des toasts tartinés de gelée de coings avec un verre de jus à la teneur en fruit inférieure à 50 %), Nico va nourrir les poules et les vaches, cool. Pour les vaches du foin, pour les poules les restes de la veille assortis de quelques graines. Au passage, il en profite pour ramasser les œufs qu’elles auront bien voulu lui offrir. Et ensuite, peinture, toujours.

Pour Célia (tapez 2), c’est plus « femme de ménashe » style. Après son bol de muesli et son thé au lait, elle s’affaire. Le matin elle nettoie le café, le midi elle prépare le déjeuner des hommes qui ont bossé dur, l’après midi elle nettoie encore (une chambre, les douches communes, les toilettes, rayez la mention inutile). Sa plus lourde responsabilité ? Comment ne pas faire des saucisses à tous les repas ? Tuatapere est la capitale mondiale (autoproclamée encore une fois, mais que fait la Police ?!?) de la saucisse, ils s’en sont fait une religion, Craig leur en ferait à tous les repas. Heureusement, avec Célia aux manettes, nous évitons ce régime, thanks a lot !

Une fois nos heures de pénitence accomplies, il nous reste un peu de temps libre, aux alentours de 15 heures, nous sommes free. Le monde nous appartient…mais que s’il fait beau ! Le temps est très variable ici, il passe du froid à la pluie, puis à la tempête. Alors dès que le temps le permet nous filons. Aux Bluecliffs beach et à Monkey Island nous profiterons d’un coucher de soleil voilé. Ces sorties sont l’occasion de se prendre un petit apéro. Pour les Blue Cliff, c’est Speight’s, la bière qui fait la fierté de l’île du Sud. Pour Monkey Island, c’est une nouveauté, du vin ! Un petit verre de pinot noir dégusté en assistant au coucher du soleil, perchés sur ce python rocheux surnommé Monkey Island, pittoresque. Le vin manquera un peu de fraîcheur et le ciel sera trop chargé en nuages, mais ce fût un doux moment de repos. Par un autre jour ensoleillé, nous nous sommes éloignés vers Clifden, dont la réputation vient de son pont suspendu (le plus vieux en NZ) et ses grottes. Des moutons, de la verdure, les montagnes enneigées de Fiordland, et du soleil, ce petit tour nous a bien plu.

Le soir, le dîner nous attend. Pour les fervents adeptes de la vie à l’heure espagnole, attention, dîner à 19 heures tapantes ! Si vous n’êtes pas là, Anna, la plus grande fille du deuxième mariage du père de Craig, arrivée entre temps, vient frapper à la porte : lunch is ready ! A table, nous avons la chance de profiter de tout le savoir vivre kiwis. Pour cela, Sophie donne la leçon. Cette teenager, un peu ronde, débarque en short or et bleu, son top noir laisse découvrir son bidon rebondi tout blanc, ses chaussures aux motifs vaches viennent parfaire l’ensemble. Les sujets caca-pipi, les rots, les histoires sur les pets qu’il ne faut pas retenir, tout y passe, c’est du 100% pure bush ! Les dîners (comme les déjeuners) ne durent que quelques minutes, ensuite, tout le monde s’éclipse. Seule La vaisselle reste, attendant sagement que les woofers s’occupent d’elle. Après ça, nous pouvons profiter de notre soirée, il est à peine 20 heures, et les 20 minutes d’internet offertes auront bien du mal à combler toute la soirée.

De toute façon, dès le lendemain, la semaine comme le week-end, il vous faut retourner bosser, c’est ça gagner sa croûte !

4 réflexions sur “Amour, gloire et woofing

  1. Coucou bah bon courage et j’espere que le temps va changer parce qu’entre la pluie et la neige vous n’êtes pas gâtés. Gros bisous de tout le monde on pense fort à vous

  2. Génial le récit ! 🙂

    Bon, ça a l’air de taffer dur, mais la phase DSK, c’est priceless.
    Nico, fais gaffe à Célia, ça a l’air d’être un vrai tombeur ce Bush (heu Craig, désolé, pas tout compris moi MDR !)

    Biz,
    Mat & Mel

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